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à
Agadir
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samedi 15.
Dans une semaine nous serons sur les derniers mètres de notre Maroc.
Ce matin le marabout est sur fond d'océan, brumes matinales !
Avant de décoller, nouveaux essais de contacts téléphoniques. Et sans
indicatif ? Et ça marche..
Dans la même région téléphonique l'indicatif est inutile.
Bonjour je suis Alain l'ami d'Abdel... etc.. etc...
"Bonjour Monsieur, Abderraham il est pas là aujourd'hui !" Et zut loupé
notre contact Essaouira.
Bonjour Saïda, je suis Alain l'ami d'Abdel et Joelle... etc.. etc...
"Bonjour , quand tu arrives à Marrakech, tu m'appelle" A demain Saïda !
Retour à Tiznit par la route bosselée.. opération gaz, préventive on ne sait
jamais, mais comme le guide Gandini signale une possibilité de recharge des
bouteilles autant en profiter.
Sortie Agadir, à droite après la station Afriquia. Pile ! sauf que pour la
recharge "Ci pas ici, ti va
à l'usine !" Et c'est où l'usine ? " Ti prends
Tafraoute et ti demande.." Je prends .. et je demande, et j'arrive... sauf
que ici "Y pas de propane, silment butane, pour propane ti va à Agadir !"..
Allez on avance !
Route de grande circulation, ou alors on a beaucoup perdu nos habitudes...
90km de gymkhana vers la mythique Agadir. Banlieue triste, pouilleuse,
crasseuse, tiens
on retrouve la crasse oubliée dans le sud ! Et d'un seul
coup, grandes avenues nettes,
palmiers à gogo, hôtels et restaurants... la
Mecque du tourisme hivernal.
Revoir Agadir n'est pas dans notre programme. On se donne le mini.
Nouvelle médina, dite "Médina d'Agadir"...reconstitution d'architecture
traditionnelle après
le tremblement de terre de 1960. A la fois centre artisanal de qualité et
impression de piège
 
à touristes... l'impression prend le pas et ... on avance !
La ville moderne est égale à elle même,toute tournée vers un tourisme qui la
fait vivre.
Nous y avons un objectif vital: retrouver des petits porte couteaux en métal
travaillé que
nous
y avions trouvé ici et nulle part ailleurs en 74. Des objectifs comme ça ,
c'est du défi..
dans nos petites têtes nous avions des images d'un magasin style prisunic..
Et en voilà un "Supermarché Anaprix"... et hop... et neni !
Et là..."Uniprix..." ça y est c'est là... des images remontent. La caverne
d'Ali Baba...
même si nous ne trouvons pas nos souvenirs, l'adresse vaut de l'or pour touristes fauchés !
Et nous trouvons, les mêmes entassés dans les mêmes corbeilles , aux mêmes
prix...
Nous avions souvenir d'avoir payé en gros 5FF en 74... les voici à 12,5
Dirhams !!!
On refait le stock, bibelots, djellaba bleue pour ma gazelle... et on vide le porte-monnaie !
Le souk ce sera pour une autre fois...
on quitte Agadir. cap au Nord !
Traversée dantesque de la zone portuaire, de l'industrielle.
Les odeurs des immondices se confondent avec les chimiques... Agadir-paradis.
Taghazoute, le nom bondit.. mais c'est là les concentrations
hivernales de campingcaristes frileux ! Devant nous un Hymer du 56, et il
vire vers la plage, et on le suit... beurk...
nous voici en zone manouches. Une dizaine de camping-cars, peut être des
indéracinables.
Notre Hymer 56 ne galère pas et rejoint directement son domaine délimité par
des rangées
de pierres. Encore un Hymer, allemand celui là gardé par une série de pierre
blanches.
Et là-bas un Chausson et un... Hymer en équerre pour protéger le carré
déballage...
et celui ci avec sa rangée de pots de fleurs... Une caravane déglinguée
"alimentation générale",
et dans le creux d'une ravine des cabanes de bois aux portes métalliques,
manque dame pipi !
"Pas question que je m'arrête ici ! ". D'accord Fleurette on a compris !
Un peu plus loin "camping-international".. allez pour midi, si c'est sur la
mer, ça fera l'affaire.
Plage immense, longue plateforme, quelques bordures de pierres dépareillées,
sable à l'infini...
Allez on se pose ! salon sur la plage. Un groupe de jeunettes joue à la
raquette.
"Bonjour Monsieur ! Tu viens d'où ?". Brin de causette pendant que Suzy
évalue le resto
de plage... On se suffira d'une omelette. La causette avec
les damoiselles ne va pas bien loin.
"J'étais en France jusqu'à 10 ans... et puis on est rentrés. Alors
j'apprends l'arabe c'est plus important. Mon père il était dans le Nord à
Valenciennes. Oui c'est plus beau ici !"...
Oui c'est beau, plage de rêve, dromadaire-balade-touriste sur fond de reflux
des vagues.
Un duo de vendeurs ambulants nous a repéré. "Bonjour ami français ! Ti
regarde pour li plaisir des yeux." et c'est vrai la djellaba noire brodée
jaune qu'il développe devant le salon Fleurette est superbe. Quoi, combien ?
250 tu plaisante ! "Madame regarde la qualité ! mais si ti veux
j'ai moins
cher.." du fond de son baluchon il sort la tati de base.. C'est vrai que
l'écart est choc !
Suzy ne désarme pas, elle négocie fort ma gazelle et se prend au jeu. En
quelques minutes
le baluchon est devenu stand de foire. Salon d'essayage pour la mini
blanche.
Si je te prends la noire et la mini blanche combien ?
"250+120=250. Ti rêve gazelle, moi je peux pas. T'a vu la qualité ? ". Il y
a comme
de l'imploration dans son sourire édenté. Suzy ne cède pas. Pour les deux 300 !
"Ca va gazelle t'a gagné 300 ! Ci parce que t'es bien !".
"T'a gagné gazelle, li Maroc il a perdu, t'as vu ?".
Eh oui on a vu, ou plutôt on a pas vu en ville les scènes de liesse prévues.
A 11heures, heure universelle donc celle d'ici, le verdict fifa est tombée,
ce sera South Africa.
Donc la coupe du monde 2010 ce ne sera pas pour le Maroc !
"C'est normal ! " Verdict Taghazoutois de notre
négociateur. Et pourquoi ça ?
"Ci normal. Li Maroc dit toujours "on va faire, on va faire, et il fait
jamais !"
Espérance remise à l'heure dans un raccourci révélateur.
"Li camping-cars ils achètent bien !" Ah bon nous qu'on croyait que...
"Ils sont beaucoup ici. Sur cette plage là 200, l'autre là-bas 600, ci
beaucoup !"
Et tu les as vu ? C'est bon pour toi ?.
"Oui ci bon. Ils arrivent en octobre, ils partent en avril... di partout,
France, Italiens, Allemand,
y même Norvège... moi je vends beaucoup ! Le magasin aussi c'est tout bon.
".
Bon après tout 200+600 ça ne fait que... ça de moins à Gruissan !
Remballons nos goûts de campingcar libre, ou sauvage, ça dipend...

après tout cette année nous faisons bien régime-camping.
Pour Essaouira c'est encore une centaine de kilomètres. Route de corniche
superbe
avec une multitude de haltes en surplomb d'un océan qui a perdu ses "brumes
matinales".
Elle grimpe sur le plateau dans les forêts d'arganiers.. les petits bergers
proposent leurs chèvres acrobates aux "preneurs de photos". Le jeu est bien
rôdé ! Le doigt pointé vers une biquette en équilibre grignotant les
feuilles de bout de branche. Le 4x4 chargé de visages pâles stoppe dans un
crissement de pneus savamment répété... et le safari commence.
"Ti donne dirham pour li photo...10 dirhams"... ça commence haut ! plus d'un
euro la photo !
Elle redescend, la route pas la chèvre,au niveau de la mer dans des baies
tapissées de bananeraies. L'arrêt à Tamri est à dominante jaune
banane.
Selon le goût ou la couleur "Ti prends li petites ou li grosses"...
L'arrêt à Tamanar est à dominante jaune argan.
Mais aujourd'hui la coopérative ne travaille pas. Dommage car elle semble
bien intéressante.
Le long de la route les vendeurs d'huile sont répartis. Le jeu est bien rôdé
!
La bouteille balancée à chaque passage de véhicule cela doit en faire des
crampes nocturnes.
Les vendeurs de miel eux ne présentent pas leur pots... curieux, plus
difficiles à balancer ?
Encore une longue descente entre les oliviers et les longues murailles
blanches d'Essaouira
flirtent avec le ciel qui se grise. Un temps de breton pour ce St Malo du
sud.
On pose Fleurette sur la grande 'place de Marrakech'. "Ticket c'est 10
dirhams"...
Balade du soir le long de la rue traversante... on se laisse porter par
l'ambiance de la foule.
Rue spectacle où se confondent monticules de légumes et pendentifs des
bijoutiers.
  
De la porte Bab Dakoulaa, vierge de touristes, nous descendons vers le port,
ses boutiques arnaqueuses et son ambiance bretonne survolées de vols de
mouettes.
Les odeurs tenaces s'accrochent jusqu'aux haut le coeur. Les chats errants
jouent avec les mouettes rieuses qui caquettent sur les murailles qui en on
vu d'autres.
Le port, délivré de la circulation, est un havre de sérénité. A la fois
forum des pêcheurs
et chantier naval. Les carcasses de bois des boutres en naissance racontent
la mer.
Le Fleurette est à l'autre bout de la ville. Hep "petit taxi"... 5 dirhams !
Sur notre pare-brise une pub racoleuse: nouveau camping "Le calme... 15mn de
la ville.."
Pourquoi pas, plutôt que l'encombré camping municipal ?.. on passe
pourtant devant celui ci..
Un auto-raccoleur nous frôle "ti cherche camping ?", il nous présente la pub
du "Calme"...
Où il est le calme ? On peut se brancher ? test de modernité... Non ! Alors
on va pas !
On se retrouve "un peu coincé" parmi la douzaine de ccars du municipal, mais
avec un peu
de dextérité le salon Fleurette ouvre sur le parc et pas... les toilettes !
Ce soir TV Maroc commente diplomatiquement la déception fifaienne..
Essai de TV5 avec l'antenne satellite, neni, pas la moindre trace de neige
analogique...
à côté de nous un Fleurette trône avec son antenne de 85cm déployée.
Tant pis tant mieux... dodo !
Dimanche 16.
Ville très tôt, ville c'est beau !
La plage est déserte, les ruelles s'ébrouent difficilement... c'est
dimanche.
Flâner alors que s'ouvrent les boutiques est un délice. Le réveil de la rue,
les commerçants
qui repoussent la poussière... à côté, les jets d'eau sur les pavés ternis
de la veille,
les accrochages de produits. aux cintres des auvents.. c'est un peu comme la
préparation
d'un spectacle. Le rideau va bientôt se lever !
  
Dans le souk des épices les senteurs prennent l'air. Les étiquettes brodent
nos maux et nos envies: pour maigrir, pour grossir, conte la chute di
cheveux, viagra pour homme et pour
li femmes.. les pyramides de produits
rivalisent de beauté et les vendeurs de bagout.
L'humeur est au beau "Tu dis ton prix, je vais voir, t'es la première
cliente de la journée,
alors je veux commencer dans le bonheur !'. Nous avons encore quelques
achats cadeaux
et on se laisse emporter par l'ambiance sereine. Tajines
miniatures, coquetiers pour la collection de Geneviève, lampe ouvragée...
elle est chère, une peu ternie de poussière.."Ci pas grave,
dis ton prix... Je t'y refait le vernis..." Tôpe là... on fait un tout. Le vendeur
sort son pinceau,
son bidon de vernis... et je me retrouve avec les bras
ballants de sacs plastiques.
Les remparts sont transfigurés, on y tourne un film, un grand film
hollywoodien, "KingDom of Heaven"...Sable à volonté pour gommer pavés et
asphalte, décors reconstitués, on s'y croirait !
Sur l'esplanade de la porte de la Marine, dans le vent qui secoue les décors
de Kingdom,
un groupe de lycéennes pépie... Clic clac... regarde comme t'es belle !
  
"Monsieur ti refait photo, si ti veux !" ben voyons !
Tu sais que tu es mignonne avec ton piercing sur la lèvre ! Le Nikon est
frivole !
Le port est tout empli des odeurs du poisson nouveau. Les restos se
préparent à la cohue
du dimanche. Les braseros se mettent en chauffe. Suzy se fait cuire sur
mesure une araignée
de mer. clic clac.. Un vendeur de jus d'orange prépare son stand, décoration
exclusive: chevelure d'épluchage citron-orange sur forme de ballon = gazelle
! clic clac !
Soudain retentissent des roulements de tambours, des fanfares précédent des
milliers de jeunes déboulent sur la place."C'est l'anniversaire de
l'attentat de Casa, pour le Maroc c'est notre volonté de dire non au
terrorisme! ".. Les annonces radios nous avaient laissé un peu indifférents,
mais là nous prenons conscience de l'importance du phénomène de société.
Un an après le souvenir des dizaines de victimes est encore vivace dans
toutes les mémoires,
les coeurs et les esprits le Maroc en vibre aujourd'hui dans un grand élan
solidaire..
Les banderoles sont des dizaines, toutes dans le même sens:
"Les citoyens commémorent la journée du drapeau national."
"Non au terrorisme, oui à la cohabitation et la tolérance"

"Essaouira ville de la paix et de la tolérance" en Arabe, en Français , en
Espagnol...
et la main symbole qui se répand dans tout le Maroc "Touche pas à mon
pays"...
Ces milliers d'enfants scandant et chantant leurs espoirs sont un sacré
message
dans ce matin d'Essaouira.
Nous pouvons avancer !
Opération plage, on choisit ou plutôt on ne choisit pas trop car les guides
ne donnent pas beaucoup de pistes. Donc c'est au bout d'une longue route
semi-asphaltée,
un de ces petits coins de bout du monde magique que
nous affectionnons tant: Sidi Kaouki.
La route bute sur l'océan au pied d'un marabout en re-peinture. Dans un
angle deux hommes égorgent une chèvre.. la bête morte l'un la gonfle en
soufflant dans le trou de... pour faciliter
le décollage de la peau... Des
cabanons bleu proposent leurs menus.
Pour nous ce sera... tajine,
"tu emmènes, le plat tu rapportes tout à l'heure !"..
Les inévitables dromadaires-promenades lorgnent vers les quelques
vacanciers. Non merci !
Un petit vieux sur son âne centenaire se propose pour la photo du siècle à
... dirhams..
Un vaisseau du désert vient se reposer au pied du Fleurette. Clic clac,
photo surprise.
Quelques fans de surf débarquent en taxis antiques et vont goûter le vent du
jour..
Dans notre petit coin de bout du monde, rien ne se passe mais c'est là
l'essentiel !
Marrakech...
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