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dunes d'or... 
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à Midelt   iouvrez la carte    et  relancez la musique   .
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mercredi 5.
Le soleil inonde le rio... une cigogne passe dans le ciel.
La caravane médicale s'ébroue. C'est une association de Casa qui organise ce grand rendez vous de l'humanitaire. "nous sommes plus de 120, venant de plusieurs pays francophones! ".
maintenant chacun va se consacrer pour la journée à une partie du territoire.
L'eau du grand bassin sort de l'ombre et clignote dans le soleil !
Le jeune tresseur de chameau est fidèle au rendez-vous traversant les générations.
je lui montre ses prédécesseurs, 81, 95.. ah la fierté...
il n'était pas né quand le grand de ma collection a été tressé !
Très vite il me tresse un "spécial pour toi et ton fils"... et j'affiche la galerie sur une des vitres.

Meski l'exquise ! on s'y attarderait dans la fraîcheur incomparable, mais il faut avancer !
La route entre en sud, on retrouve la vallée du Zis, elle éclate telle un ruban vert inséré dans l'étau des collines arides. Le vert du creux contraste avec les roches rosées par le matin.
Les palmeraies s'imposent. Images saisissantes de beauté. Les jardins cultivés tapissent
les parcelles irriguées par un réseau intense de canaux.
L'oued encore en eau trace un sillon émeraude sous les palmes retombantes.
Les kasbahs s'égrènent dans un chapelet infini en bordure du ruban vert des jardins. 

On en prend ici, peut-être plus qu'ailleurs, l'importance de la construction.
La terre battue est incontournable, chez nous, nous l'appelons pisé,
notre maison de St Jean est en pisé. Il y a pour nous comme une complicité.
La route longe et surplombe les kasbahs et nous sert d'observatoire.
L'austérité architecturale est claire, tracés cubiques et tours d'angles, harmonie de la décoration,
terrasses destinées aux séchages des récoltes, fenêtres hautes perchées et grillagées..
Nous glissons le long du ruban comme dans un travelling maîtrisé... la beauté naturelle !
La kasbah d'Aoufouss vient ponctuer le film. A l'école transformée en dispensaire d'un jour
les équipes de "caravane médicale" sont en action. Chaque classe est devenue pavillon
de soins: ORL, gastro-entérite, cardiologie... les files d'attentes commencent à se former.

A la boutique presse Suzy découvre une belle collection de cartes postales... à 1 dirham..
qu'on se le dise, la moitié du meilleur prix de la concurrence !
Et la route reprend le ziz, moins attrayant, vers Erfoud ou Arfoud.
Dans un hameau un groupe prépare la terre pour la construction d'un mur de terre.
Le chef, costume cravate..."je suis du Var.. regarde !" et il me montre sa resplendissante Mercedès dernière gamme.. le chef donc, m'explique le processus de construction.
Aujourd'hui se prépare la terre en l'inondant de l'eau du sous-sol.."Ici il y avait un immense lac,
dessous l'eau est chargée de sel, c'est bon pour la construction..". Demain on commencera
la construction en montant des parois en bois entre lesquelles on va tasser la terre et la laisser sécher." Il faudra bien 1 mois pour en arriver au bout de ce mur destiné à protéger le hameau.
Traduction: protéger des sables envahissants et des cueilleurs-voleurs de dattes.
Erfoud s'annonce par une palmeraie interminable bruissante de gazouillis d'oiseaux.
Les blés sont mûrs, les travaux ont commencé. Les moissonneurs-faucilles se multiplient dans
les champs.. Les aires de travaux aux abords des kasbahs commencent à se charger
des tapis de blés prêts au battage...
Erfoud dans son écrin de tamaris, on imagine la floraison il y a seulement 2 mois, est un grand centre commercial. Porte incontournable du grand sud. L'atmosphère est au rendez-vous.
Les 4x4 commencent leur spectacle de frime, les hôtels sont dans la note saharienne.
Souk banal et décomposé.. nous choisissons de visiter la marbrerie sur la route de Tinerhir.
Grand atelier hésitant entre artisanal et industriel. Ici on travaille le marbre noir, il faut aimer.
L'impressionnante scie découpe les lamelles qui se convertiront en souvenirs touristes
pour les magasins régionaux. Les blocs crus tentent de nous montrer leurs traces de fossiles.
Curieux cet écart entre cette production insignifiante et les tonnes de marbre-souvenirs
qui surchargent les boutiques de la ville !
La route nous reprend. Courte et palmeresque vers l'ultime centre avant le désert.
Les premières dunes de sable jaune nous accueillent, contenues par des treillis de roseaux...
Nous entrons dans la palmeraie dans un gazouillis indescriptible de chants d'oiseaux.
Er-Rissani par route touristique ou en direct... on prend la touristique.
Elle s'infiltre dans la palmeraie en contournant la ville. Des groupes d'écoliers jalonnent
les chemins vers les hameaux... le soleil plombe midi, on traque l'ombre.
Au pied d'une mosquée une touffe d'ombre de tamaris. Juste ce qu'il nous faut.
En un instant nous sommes envahis de gamins... on fera avec, on a l'habitude !
Le scénario est identique ici, en Tunisie, en Turquie... approche timide, tests de contacts,
madame donne moi stylo, misieur donne moi... et l'inévitable chef qui se détache du groupe.
Celui-là il faut le repérer, le valoriser et s'en faire un protecteur... et ça marche !
Malgré son français meilleur que celui de ses copains, le dialogue ne va pas loin.. dommage... ce sera pour une autre fois !
"Comment ti t'appelles ?" moi c'est Alain, pas Allah Alain et toi ? "Moi Kadija! "
Kadija et mignonne et intrépide mais fuit déjà... cela n'ira guère plus loin.
Le départ du Fleurette est quelque peu épique. Les gamins s'agglutinent quémandant dirham, bonbons et stylos... à l'habitude le décollage se fait en trombe pour tromper leurs réflexes.
La "route touristique" contourne lentement la ville... travelling passionnant entre les ksours
aux portes rustiques ou élégantes. Les parcelles de blés bien entretenues en sont à la moisson.
La terre apparaît déjà dans sa dureté d'été. Les petits oueds sont déjà à sec.
A chaque hameau des groupes de gamins foncent vers nous au passage, bras levés en signes de bienvenue-dirham-stylo-bonbons... il nous faut parfois faire slalom pour les éviter.
Notre circuit palmeraie nous ramène au centre ville. Allure classique de noeud routier.
Er-Rissani est aussi la ville d'origine de la dynastie alaouite de le famille royale.
Elle en porte des traces de prestige: mausolée Moulay Ali Cherif, centre culturel alaouite,
centre artisanal tout neuf... porte de bienvenue superbement décorée.
C'est aussi la dernière étape avant la plongée vers le désert., vers la mythique Merzouga.
La route commence à sinuer dans la palmeraie, puis pique dans la nudité de terre noire.
L'asphalte court maintenant jusqu'à Merzouga. Des morceaux de piste réveillent les souvenirs des parties d'amortisseurs d'antan. L'aventure en prend un coup.. les 4x4 doivent aller plus loin
pour mériter leur image... ainsi va la découverte !
Soudain au delà des ondes dures de caillasse noire la ligne d'horizon devient une sinusoïde rose et blonde. Les dunes émergent de la mer noire en ondulations douces et voluptueuses.

L'approche d
e Merzouga est ponctuée des signalisations hôtelières.
Les restaurants-camping aux pied des dunes sont légions et les dunes sont d'or !
La grande dune domine le paysage, l'éclairage d'après-midi dessine avec talent ses contours.
Elle nous attire avec magnétisme et nous ne faisons que traverser la bourgade pour être
au plus vite à son pied. La piste est resserrée mais ça passe et le bout de piste nous stoppe
devant le parking des dromadaires. Le pied de la grande dune est à deux pas d'humain.
"Ti peux rester au camping si ti veux !" C'est bien notre intention, sous condition...
Tournée de repérage décevante, vue sur la dune impossible... on l'explique avec insistance
au "chef" qui nous conseille un concurrent et néanmoins cousin... la "camping de la Liberté"..
ben voyons, manquait plus que çà ! "C'est là-bas au bout de la piste, tu loupes pas, ti prends bien entre les pierres." Au creux d'une nappe de sable, un photographe touareg, touareg par
le physique, photographe par le reflex... nous remet entre les bonnes pierres.
"ti tournes à droite et pi à gauche et ti vois !"..."Suis-moi! " nous fait signe un motocycliste...
C'est vrai que c'est tout droit... quand on sait !
On est seul sur l'immense parking... la belle dune est un peu loin mais tant pis, calme garanti.
Thé-menthe de bienvenue, échange de considérations sur le temps... caresses à Daky !
Un Daky sacrément fier d'apprendre que "daki" en arabe classique veut dire "intelligent" !
Le soleil décline doucement, les ombres s'étirent, les courbes de sable se durcissent.
Je mets le Fleurette en position pour la traditionnelle photo "vu du salon".
Le sable est un aimant irrésistible. Une petite heure de marche sur les crêtes me donne
des angles insolites. Le vent a modelé les contours mieux que ne l'aurait fait le plus talentueux des plasticiens. La courbe des crêtes est une leçon d'architecture inoubliable.

En bas des dunes une caravane de chameaux se découpe dans les derniers rayons du soleil.

Le soleil tombe. Depuis la terrasse du restaurant le moment magique est plutôt banal.

Opération rest'a bord... au menu tajine spéciale merzouga. Le resto est plongé dans le noir,
ici économie oblige l'électricité doit nécessiter un quota de clients. La cuisine est éclairée par
un camping-gaz... du mérite notre cuistot ! Le Fleurette au milieu du camping est mieux éclairé !
Service à bord dans la nuit étoilée au moment où la lune se lève derrière la grande dune.
Instant extraordinaire, rouge la lune rouge comme la tajine... ou presque !
La nuit noire totale nous enveloppe. TV5 insaisissable, France Inter en ondes longues limite...
Merzouga est vraiment au bout du monde. Bonheur !

jeudi 6.
Dring.. redring... il est 5 heures. Le soleil va se lever !
La barbe ce sera pour tout à l'heure, vite aux dunes.
Le sable est frais, l'air léger, le calme impressionnant à peine troublé par un chien au lointain.
La lune s'estompe à l'ouest, la crête des dunes rosit. Je prends mes marques et règle le Nikon.
Un bivouaqueur est encore enfermé dans son sac sur une crête escarpée.
Le sommet de la grande dune s'illumine du premier rayon, et tout va très vite.
Un pinceau de lumière balaye les sommets, un halo jaune monte derrière la crête,
le diaphragme du nikon s'affole... il faut faire vite pour choisir le réglage entre ciel et terre.

Le bivouaqueur est enfermé dans son sac...
Rond, rouge, flamboyant, le soleil émerge comme accompagné d'un accord de trompette.

Le ciel s'affadit, les vagues de dunes deviennent l'essentiel du spectacle. Nikon n'en peut plus !
Le bivouaqueur est renfermé dans son sac !
Le spectacle est terminé, le temps d'une chanson, le temps d'une émotion.
Le petit dej' sur fond de dunes a un goût exceptionnel.
Le village est à peine éveillé, juste le temps d'une provision de cartes postales,
et de s'enquérir de la route pour le lac... la route, le lac ?
La route c'est une piste ondulée de quelques kilomètres. Théoriquement il faut atteindre
au moins 80km/h pour survoler les ondulations. Tout le problème est d'y arriver dans ce tracé indécis. Allez le Fleurette en a vu d'autres, il gémit mais ne plie pas !
Le lac, étrange flaque bleue posée entre des plaques vertes et le ciel plombé, semble irréel,
en fait il l'est quelque peu, dans quelques semaines il aura disparu
Quelques 4x4 ont déversé leurs aventuriers à la frontière de la vase. Les paysans d'alentour, vendeurs de fossiles discutent ferme des oeuvres originalement authentiques et toc ! ! !

Pause le temps de humer l'air marin et retour par une piste ignorée et .. moins défoncée !
Merzouga est maintenant dans notre dos avec sa collection d'images.
Celle du plus beau coucher de soleil du monde..."si t'as pas vu les autres !".

                                                                                                               ksars et ksours... >
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