.  
<<<< début du récit
< page précédente
  <<<  en direct aux étapes
neige en mai... 
6


.
.

 

à Midelt  iouvrez la carte    et  relancez la musique   .
.
La route court maintenant en lente montée dans une plaine de prairies aux verts gradués...
Que cela doit être beau sous le soleil ! Les rochers en de multiples pierres plates jonchent des prés et luisent dans la pluie. Les forêts de pins se densifient. Les troupeaux de moutons paissent dans les prairies inondées, les gardiennes stoïques dans leur djellabas trempées
nous font de petits signes timides.
Immouzzer se donne une image de montagnarde... mais aujourd'hui c'est le déluge. Halte midi, ou plutôt 14h au bord d'un ruisseau en crue.. et tant pis pour la visite du village, on avance.
La route grimpe encore devient magnifique. Aux abords d'Ifrane elle verse dans le romantisme
bavarois. Collés dans le fond pluvieux des cadrages de cartes postales autrichiennes.
Des petits lacs, des plans d'eau fait pour les étés rafraîchis des notables de Fès ou Meknès....
Des flocons neigeux cliquètent sur le pare brise. Des plaques de neige, on y croit pas mais si, tracent une ligne à la frontière des sapinières. Le thermomètre annonce 1°. 3 mai !
Curieuse sensation, effet de la neige ? d'être ailleurs, dans nos régions, au coeur des Alpes.
Dans les parcs hésitants entre vert et blanc des groupes de djellabas luttent contre le vent.
Opération carte postale pour l'album souvenir... et abandonnant une balade de calme et d'air pur,
nous reprenons la route, pour descendre vers Azrou.
Curieuse façon de descendre cette route. En quelques kilomètres nous sommes à 2000 mètres,
la neige tombe drue, les traces sur la route juste passables, les croisements heureusement rares délicats..."Curieux, j'ai pas vu Azrou sur la pancarte vers la barrière de neige !
T'es sûre que ????? " On s'arrête pour un point carte... tout compris, vite compris, nous fonçons sur "une jaune" vers une "blanche".. qui pour l'instant l'est déjà beaucoup !
Une voiture rouge s'arrête à notre niveau, dans l'autre sens. "Elle est comment la route ?".
Cà passe, de la neige mais ça passe... mais dis-moi, nous on s'est trompés, elle va où cette route ? " Elle va à Goulemane, 40kilomètres, c'est mauvais, toute petite et de la neige...
On a compris, demi-tour ! on avance en suivant le pas indécis de la petite voiture rouge.
15km retour, aussi beaux qu'à l'aller, les traces sinueuses de la route naviguent entre les sapins.
Calculs de route: on reste à Ifrane, il fait -2° maintenant, ou on va à Azrou ? On craint d'y arriver de nuit... y a t-il un camping au cas où ?... Et à Ifrane ? Oui il y en a un !
Eh bien voilà on s'arrête, on aura au moins du 220v... enfin Inch' Allah !
Dans la brouillasse le camping semble ouvert-fermé-désert. Qu'à cela ne tienne on verra bien
1, 2, 3... Fleurettes, non c'est pas vrai, c'est un club ! 1,2,3 du 85 ! Ah un Esterel..!
Mais aucun ne semble raccordé à l'électricité. Tiens v'là le gars de l'Esterel, je lui demande.
"J'en sais rien, c'est dégueulasse, y a personne ici ! ".C'est vrai que pour un Esterel c'est môche !
Je prends mon antique lampe témoin, un petit coup sur une des bornes enfouies dans la neige.
Ben y a et ça marche, et on pourra mettre le chauffage à fond !
Soirée neige, le salon sur le tapis blanc, le thermo plonge à moins 2°.
On est au Maroc en mai !

mardi 4.
On est au Maroc en mai !
Réveil neige, le salon sur le tapis blanc, le thermo monte à plus 1°.
Un "Fleurette du groupe 85" sort seau, brosse et lave son camping-car... image surréelle !
Ifrane sommeille dans le brouillard. il nous enveloppe jusqu'à Azrou.
Mesdames, Messieurs sur votre gauche la forêt des cèdres et le fameux cèdre de Gouraud !
On l'imagine facilement au-delà des dix mètres de visibilité dans le fog du moyen Atlas!
Azrou frisonne entre vent et brouillard, la mosquée aux habits de bois brille de froidure.

Le souk a du mal à s'éveiller, seules les odeurs âcres et nauséabondes nous accueillent.
Opération carte postale= échec. Azrou n'est plus à la mode !
En avant pour la route des Beni Mguild, tribus berbères semi nomades.
Non on ne passe pas, la "barrière de neige" est abaissée... là-haut le col est enneigé.
Un groupe de 4x4 français, chevaliers de l'aventure, fait demi-tour.
Un paquet de motards trial arrive, et leur redonne de l'ambition... "On y va !"
Comme nous n'avons pas "les mêmes valeurs" je vais aux renseignements à la station service proche. "Non n'essayez pas...  avec le camping-car c'est pas prudent! "
"Vous avez le soleil en France, ici c'est la neige... cé pas normal !"...
Le pas normal signifie pour nous un détour de 150km..."non c'est encore pire !"..
ou de plus de 500km en passant par Marrakech. Le "non c'est encore pire !" nous refroidit.
Comme on est déjà à 0°, on se voit déjà à Marrakech, combinant le circuit pour récupérer le temps perdu. C'est parti pour Marrakech ! Route ondoyante sur un long plateau...
Les terres rouges annoncent Kenifra, une cité rouge dans une terre rouge vivifiée par la pluie.
Les oueds sont en force et roulent des eaux tumultueuses, rouge ambiance.
L'objectif est encore loin et roule Fleurette ! les champs fleuris de jaune devraient être superbes sous le soleil ! les cigognes nous lorgnent d'un oeil mouillé au passage...
A quelques dizaines de kilomètres une bifurque pour Midelt, qui devait être notre étape,
celle du "non c'est encore pire !"... un bus bondé en vient.. je fonce voir passagers et chauffeur.
Pour Midelt, la route comment elle est ? " Ci bon, pas d'problème! " "pas d'problème!" deux fois,
"pas d'problème!" trois fois ! Qu'est ce qu'on fait ? On y va !
Superbe et sauvage la route, émaillée de hameaux d'un autre âge. Bâtisses basses de terre,
ponctuées étrangement d'antennes satellites,les nuits doivent bruisser de groupes électrogènes.
Barrière de neige levée, on commence à connaître... la route semée de nids de poules
grimpe allègrement, 1800, 2000... la neige recouvre les sapins mais le ruban est sec...
2070m, le col, dix centimètres de poudreuse et le spectacle irréel des troupeaux qui repoussent
la neige pour trouver l'herbe. On espérait un plateforme pour manger là-haut, nenni..
on se laisse glisser sur une route bosselée, à la limite de l'effet tôle ondulée.
Encore quelques encablures de terres gorgées d'eau et nous retrouvons la route directe.
Nous n'aurons "perdu" que trois heures ! "pas d'problème!"
Pendant des dizaines de kilomètres on cherche une plateforme acceptable pour la pause-midi.
Villages décorés d'immondices, champs détrempés, Fleurette n'en veut pas.
Elle arrive enfin à Zeïda au bout du détour, devant le petit bâtiment de la police. Ouf !
Midelt est vite atteinte. Trop vite même. Pas même le temps d'une transition, nous voici plongés dans les décors du sud, avec encore en toile de fond les montagnes enneigées de l'Atlas.
Centre de randos, mais ce ne sera pas pour nous aujourd'hui. Notre point d'orgue sera l'atelier
de tissage des soeurs Franciscaines. Un petit monde un peu à part qui offre à des orphelines
un horizon artisanal. pas de chance nous dit la soeur qui nous accueille."C'est semaine de fête religieuse, alors les ouvrières ne sont pas là..!" Notre bonne soeur nous papote une présentation chaleureuse des travaux des ... absentes. ici on ne vend pas, encore que le lundi et le vendredi
c'est indiqué sur une feuille on fait exception. La grande vente c'est une fois l'an à Casablanca.

Là il y a toute la gente society marocaine et coopérante, et les prix sont à la mesure.
"parce que vous savez au Maroc il y a les très très riches et les très très pauvres !"
On avait remarqué ma soeur ! On avait remarqué !
La route maintenant plonge au sud ! Surprenante transformation.
Ce matin là-haut à Azrou on grelottait, nous comptons les degrés qui montent ,qui montent.
10, 12, 15... 18°dix huit fois plus que ce matin au réveil !
Tout se transforme. Les verts disparaissent, les ocres s'accumulent, les palmiers remplacent
les chênes, les maisons se rapetissent en cubes de pisé, seuls les minarets émergent.
Les gorges du Ziz viennent couper la solitude. Serpentant aux flans de roches rouges elle mime
les plus beaux cadrages de grands canyons. Au niveau de la rivière, là où était la route d'antan,
les eaux vertes de l'Oued Ziz se faufilent. Plus loin la flaque émeraude et scintillante du barrage Hassan encadrée de montagnes pellées. Les palmeraies des gorges se diluent le long des
collines pourpres qui annoncent Er-Rachidia. Impressionnante Er-Rachidia, peut être l'effet des couleurs du soleil déclinant, grosse bourgade aux allures de grande ville moderne.
Tiens un Cyber-Internet ! Depuis 2 jours j'ai des mails à envoyer. Cette fois la connexion est meilleure et Suzy ... ne râle pas trop ! On traverse, Meski n'est qu'à quelques 23km !
La banlieue est longue, ponctuée d'une multitude de terrains de foot... enfin on saisit l'engouement du Maroc pour le foot et... la coupe du monde de 2010.. bien sûr que ce sera
le Maroc organisateur ! d'ailleurs le choix c'est le 15 mai et nous le vivrons en direct !
Meski, ah oui, pourquoi la Source bleue de Meski ? Ah nostalgie !..
C'est d'abord un lieu paradisiaque. Une résurgence de l'oued Ziz jaillit dans une grotte
et se déverse en une eau étonnant claire et bleu du ciel dans un bassin au pied de la palmeraie.
Et puis c'est toutes les remontées de souvenirs de nos voyages de 74 et 81.
Dans la chaleur étouffante des mois d'août cette étape nous apportait une bouffée de fraîcheur.
Toujours au creux de son ravin la source. Les images sortent des mémoires à vitesse folle.
Simplement un peu plus, un gros plus, de boutiques souvenirs... mais le cadre est là
tel que 20 ans ne l'ont pas gommé. Qui a dit que le tourisme détruisait tout ?
"Bonjour M'sieur, as-tu fait bon voyage ?" Celui-là on l'attendait ! inévitable !
Bien sûr qu'on a fait bon voyage ! "Si ti veux je te fais visiter Meski !"..
Merci on connaît déjà.. tiens regarde de chameau tressé accroché à mon rétroviseur il vient
de Meski en 1981.."Alors on est ami !"... tiens regarde le petit chameau à côté, il vient aussi
de Meski en 1995 et c'est mon fils qui me l'a rapporté, il était venu avec nous quand il était petit.
"Alors on est encore plus ami... si ti veux après manger, tu viens voir mon magasin là-bas"
Ben voyons, encore plus !
Le salon du Fleurette posé délicatement sur le fil bleu du rio Meski on déguste l'apéro du soir.
La caravane revient tard à son camp de base. "La caravane médicale et humanitaire" parcourt
les villages de la région pendant une quinzaine de jours. 4x4, fourgons, camions...
quelques dizaines de volontaires engagés dans une opération annuelle qui les rassemblent.
Sur les palmiers de Meski la nuit étoilée est enfin saharienne. L'imagination trotte...
Sous les palmiers de Meski la nuit est presque saharienne. Beaux rêves !
                                                                                                                dunes d'or... >
.


si vous êtes arrivé sur cette page sans passer par l'accueil: cliquez ici