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Fès El Mokri...  
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à Fès  iouvrez la carte    et  relancez la musique   .
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Fès nous apparaît plus "moderne" que nous en avions le souvenir.
C'est terrible de transporter images et nostalgies !.
Allo Natifa ? Nous sommes à Fès...
Natifa>Jawab>Abdel>Joelle>Luc... c'est comme des hyperliens informatiques..
"Attendez-moi une demi-heure vers l'hôtel Shératon, j'arrive !"
Et nous voici pris en charge par Jawad et Sarah sa fille débarquée du "petit taxi".
Point programme dans le salon Fleurette: repérage camping avant Palais El Mokri...
Le camping est à l'orée de la ville dans un grand parc nature où il doit faire bon l'été
loin de la canicule de la ville.
Retour en ville à la tombée de la nuit. Fleurette trouve sa place, coincé entre un camion surchargé et une charrette de légumes. Descente vers la médina entre les murs démesurément hauts. Jaouad et Sarah y sont comme des poissons dans l'eau... nous disons que... on suit !
Découvrir le "Palais El Mokri" de nuit est presque une épreuve. Avertis bien sûr que nous allions voir un "palais désaffecté", la surprise est réduite mais l'impression étrange. Des couloirs sombres, sans éclairage, un jardin en surplomb féérique sur la ville illuminée, des sacs poubelles éventrés décorant les vasques des fontaines détruites.. re-couloirs obscurs pour déboucher sur un patio aux décors de mosaïques époustouflants, des frises finement travaillées, des grilles décorées... de linges au séchage... nous sommes perdus devant ces "mélanges de genre". Jaouad tente de nous situer l'histoire du palais. Il lui faudra y revenir à plusieurs reprises...et puis demain matin, de jour... on y verra plus clair !
Ce soir c'est découvertes surprises, montée sur la terrasse pour Fès de nuit.. nuit magique
où même quelques étoiles ont pris rendez-vous entre les nuages.
"Voici mon père, il est aveugle depuis 6 ans... c'est lui qui a acheté le palais ".
Impressionnant baba Jaouad ! dans son bureau, une simple table posée dans une pièce retirée, quelques photos importantes dans une niche; le Grand Vizir créateur du palais...
On verra cela demain... au jour !
C'est un long thé menthe avec la famille pour se trouver et retrouver.
Je vous ai déjà présenté Jaouad, frère d'Abdel de Metz, et puis Sarah notre mignonne hôtesse
affairée et ,du haut de ses 13 ans, spécialiste du thé.. Et puis voici Nezha la maman, elle est
de Casa, et puis Hamza le câlin et Medhi qui incline pour Daky...

En levant la tête dans cette grande pièce commune nous sommes dans des plafonds de rêve.
Pour aujourd'hui nos têtes sont pleines... on retrouve nos couloirs obscurs, nos ampoules crevées qui ponctuent la trace vers la ruelle, les jardins décomposés, les tas d'immondices non ramassés pour cause de... 1er mai, et le Fleurette là-haut sous l'oeil vigilant du gardien.
Bonsoir Jaouad, bise Sarah, à demain ici !
sans trop d'hésitation nous retrouvons la piste du camping qui bien tard nous ouvre la porte .

dimanche 2..
Matin calme dans la nature... à peu de distance d'une ville qui vibre déjà.
Un peu de préparation de messages à envoyer... petite habitude internet très vite prise.
Et hop direction El Mokri. Jaouad nous attend au café du parking.
Mise en condition psychologique de Daky que nous allons laisser dans le Fleurette pendant
la visite : à tout à l'heure, on reviendra te voir ! 16 ans de voyage il connaît la sérénade !
Les couloirs du Palais El Mokri sont moins noirs mais nous raconte une histoire obscure.
La grande maison va sur ses 100 ans... terminée en 1912, un des 3 grands palais qui faisaient la fierté de Fès. C'était le rêve réalisé du grand Vizir Mohamed El Mokri ,ami de Mohamet V qui passa ici une partie de son enfance. Eh oui dans ce patio livré aux linges qui sèchent joua le grand roi du Maroc ! Cet arbre mort auquel s'accroche une misérable antenne était peut-être celui
où il s'asseyait pour réfléchir et penser son futur règne...
On continue la découverte, partielle... 6000m° dont 3000 habitables, des pièces des patios, des salles des.. des fontaines... une cuisine géante... nous sommes un peu perdus,amassant images et désespoirs devant ces trésors en déconfiture.. On rêve de tout cela en état..
"Mon père a acheté cette folie en 1978, nous raconte Jaouad. Il était entrepreneur et a placé ici toute ses économies en rêvant d'en faire quelques chose de magnifique.. Le palais était déjà dans cet état. Après l'indépendance livré aux escrocs et malfras les choses de valeur ont été pillées.
Mon père voulait faire des transformations,mais le Palais a été classé monument historique et depuis "on ne touche pas", ou alors il faut faire selon des règles tellement strictes que tout coûte une fortune, alors on ne peut pas !"... et El Mokri attend un miracle ! Il y en a paraît-il, des magiciens ont promis à Jaouad qu'il trouverait des trésors cachés. On en a trouvé d'ailleurs,
des jarres enterrées au bout de galeries inconnues, pas suffisantes pour sauver de tels lieux.
Il faudrait des entrepreneurs milliardaires pour transformer ce havre de beauté et lui donner une vie décente. Nous, cela nous est facile de rêver, d'imaginer ici un complexe hôtelier exceptionnel... mais Jaouad il a le "le nez dedans" et il essaye tant bien que mal de sauver l'essentiel en attendant le miracle. Le miracle, cette piste entre l'administratif impassible et l'initiative impossible. Il suffit de monter là-haut sur la terrasses et de regarder les palais qui entourent El Mokri, le plus proche celui du fils du Grand Vizir, et puis les autres qui se disputent
la vue la plus unique encadrée de cyprès sur la plus belle ville du Maroc !

Les grandes murailles se délabrent à chaque saison, les mosaïques s'effritent irrémédiablement... et ce ne sont pas les locataires occasionnels qui arrangent les lieux.
Les locataires c'est une solution pour au moins subvenir à l'essentiel.
A El Mokri, Jaouad en a une petite soixantaine qui se répartissent tant bien que mal les salles, les pièces de réception du Grand Vizir, les chambres des serviteurs, l'appartement où
le grand vizir passait le mois de Ramadan et recevait son ami Mohammed V.
Aujourd'hui c'est un ancien qui nous y reçoit, entre deux caresses à ses chats préférés.
Il ronge les heures en contemplant le jardin aux 2 tonnelles. L'une où le grand vizir s'attardait en sortant du hammam face à l'autre où un orchestre de femme le troublait de musique classique espagnole. Les tonnelles sont en lambeaux, la fontaine disparu...
La famille s'affaire comme les serviteurs d'antan pour préparer thé à la menthe et petits gâteaux.
Notre ancien plonge dans un placard derrière un monceau de coussins... il en sort son trésor:

un ouvrage consacré à Hassan II. "Lis puisque tu es ami !". Nous plongeons dans l'ouvrage sous le regard attendri de notre hôte. Histoire du Maroc mêlée d'histoire de France tant nos 2 pays
se sont interpénétrés pendant des générations. Histoire d'un roi aimé, de son père qui a marqué El Mokri avant de côtoyer tous les grands du monde... Jaouad demande à emmener l'ouvrage pour en faire des copies... et l'on s'échappe de l'histoire. Choukran pour le thé, et tout et tout !
Dans les couloirs on croise des "locataires", des qui paient et des qui se font prier. On est début de mois et Jaouad doit faire sa tournée corvée.. à 1200dirhams maximum, quelques 100 euros,
El Mokri va attendre longtemps les moyens de sa restauration.
On s'arrache à l'histoire... pour en retrouver une autre: la médina !
Son centre est à deux pas, à peine le temps de se familiariser avec les odeurs qui montent.
Nous sommes dimanche "et" jour de fête religieuse... mais la médina vit quand même.
Les grands noms des richesses de Fès s'offrent comme les perles d'un chapelet, le long des
2 rues circuits. Souk Neijarine, Zaouia de Moulay Idriss le fondateur de Fès, Medersa Cherratine
et Sefarine... les fontaines se confondent, les plâtres ciselés se mêlent dans nos esprits...
La Karaouine, grand mosquée nous est interdite mais laisse passer les regards par ses portes ouvertes. Les familles s'y pressent en ce jour de prières.
Le souk au héné est fermé, la ruelle des teinturiers n'offre que le luisant de ses pavés..
mais à distance d'odeurs âcres le quartier des tanneurs traverse les siècles, les générations,
les offres touristiques dans une perpétuité colorée. Rien n'y a changé depuis nos précédents voyages... ah si... eux les tanneurs ont remplacé ceux usés par les maux du métier.
mais toujours ce sont les mêmes 23 familles qui perpétuent ce métier-spectacle unique.
Dans les grandes cuves emplies d'eau colorée les tanneurs pataugent et mêlent les peaux:

mouton, chèvre, dromadaire. Elles s'imprègnent des pigments précieux: safran, indigo, vert amande, rouge éclatant du coquelicot. Elles exhalent des odeurs tenaces... et il faut monter dans les terrasses des magasins de souvenirs pour passer des odeurs à la vue. Vue extraordinaire,
comme un tableau crée par on ne sait quel plasticien pour le plaisir des yeux !
Le chapelet continue: Kissaria des broderies, Medersa Attarine et sa porte monumentale,
souk Attarine vif de couleurs et d'odeurs d'épices, somptueuse Merdersa Bou Inania
et tout près l'arche de la porte Bou Jeloud, verte verso, bleue recto..
entrée joyeuse sur ce monde de la fête des sens!
En fin de compte le parking de Fleurette est tout près, avec ses cybercafés...
Suzy va faire sa série de cartes postales pendant que je ferai un relevé de ma bal.
Ereintantes les parties d'Internet, ici l'adsl annoncé est encore plus qu'ailleurs à vitesse chameau... au bout d'une heure d'affichages impossibles je déclare forfait !
Nous devons une petite visite à Haj le baba de Jaouad, dans sa maison de la ville nouvelle.
Petit taxi et nous arrivons en pleine réunion de famille et d'invités.
C'est jour de fête, jour d'échanges de visites, aujourd'hui ici demain on intervertit...
Beaucoup de monde autour de la pièce. La petite pièce avec ses canapés pour une vingtaine
de personnes. A côté dans l'autre partie de la pièce le salon pour une quarantaine est vide...
Ici c'est pour les réceptions familles, à côté pour les invités... Nous sommes donc
"de la famille". Bonjour Natifa ! on met enfin un visage sur une voie téléphonique.

Présentation, bises aux jeunes, honneur aux anciens... 
Bonjour Monsieur ! Savez-vous que vous parlez un français parfait !
"J'ai été professeur de français, puis inspecteur de professeurs..."
Suzy reprend ses angoisses "d"inspectée"..
Baba Haj se lève, se guide de sa canne de non voyant, pour aller saluer d'au-revoir ses invités.
Il est temps de rejoindre El Mokri et le couscous que nous a promis Nezha.
Petit détour chez Natifa noter une adresse. Le temps est déchaîné, le vent décoiffe les palmiers de l'avenue... nous avons froid, un froid marocain !

Le couscous de Nezha nous réchauffe. Servi à la marocaine dans le grand plateau collectif...
il faut "apprendre" à tracer son chemin dans le grand plat en allant conduisant la cueillere progressivement vers le centre.
"La viande on la coupe à la main... mais comme vous êtes là, je la coupe avec le ciseau !"
merci Jaouad !
Il est tard quand nous rejoignons le camping... nous devons en réveiller le gardien.
Nous sommes apparemment seuls ce soir ! Vite dodo !

lundi 3..
Un éclair de soleil nous laisse envisager une belle journée.
Là dans l'herbe un singe s'épouille.. et là-bas dans l'arbre sa famille fait de l'accro-branche...
on écarquille les mirettes, mais non on ne rêve pas !
Le vent se déchaîne alors que je clavette ce récit.. va t-on enfin avoir une météo marocaine ?
Et la pluie maintenant... et zut... tant pis pour la rue des teinturiers que l'on voulait revoir...
Ce sera "visite grande surface". Elles sont encore rares. A Fès elle s'appelle "Marjane"...
ce pourrait être "Carcontinent" ou "Casauchan", d'ailleurs on y trouve de la moutarde Auchan !
On y trouve d'ailleurs tout ce qu'il nous faut pour nous sentir en pays... civilisé.
Même le temps de courses est standard... je dois râler pour presser le pas, sans oublier...
le rayon vin. En demandant gentiment à une caissière elle appelle le gardien du temple.
Encore faut-il montrer un passeport-sésame et passer sous la barre de hauteur du rideau métallique, ouvert juste ce qu'il faut pour faire passer ces clients particuliers.
Bon voilà, on a "perdu" une heure ! Heureusement je commence à avoir Fès dans l'oeil
et l'on a vite fait de retrouver notre parking préféré, et Jaouad qui fait terrasse avec Medhi.
dernière visite à "notre" palais... Distribution des petits cadeaux écoliers, résultats des courses
au Merjleclerc, des cahiers à colorer pour les garçons, un premier Larousse pour Sarah..
A la télé, toujours allumée, leçon de cuisine par la Maïté locale... vous dirais-je ma préférence ?
Oui... je le trouve très bien la Maïté locale avec sa recette d'omelette aux champignons
et son petit corsage Tati !
Sarah ne veut pas être en reste et nous mijote son exceptionnel thé à la menthe.
Le thé de Sarah, on s'en souviendra longtemps !
"Suzy, va voir Nezha ! "et ma co-pilote revient un moment plus tard en djellaba rouge étincelante.
"Alain prend cela..." et voici mon petit doigt orné d'une bague amicale !
Un deuxième verre, oui, on ne refuse pas un thé de Sarah on en redemande !
Mais il "faut" se quitter, notre route doit maintenant grimper en montagne.
Maa el Salama ! Chocran à vous tous pour ces instants magiques de Fès !
En quittant Fès on se souvient de notre passage en 74, avec l'Estafette à l'époque et Gilles.
On avait dormi on ne sait plus trop où, sur un terrain vague. On avait mis les baskets de Gilles sur le toit de l'Estafette pour la nuit , histoire de les aérer... Le lendemain matin départ insouciant... au bout de quelques kilomètres "elles-sont où mes baskets ?"...
Là-haut sur la galerie de l'Estafette il restait une orpheline ! Aérée, mais orpheline !
                                                                                                    neige en mai... >>>>>
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