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ksar et ksours... 
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à Midelt   iouvrez la carte    et  relancez la musique   .
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ErRissani est
en ébullition. C'est jour de marché. La "campagne" s'y donne rendez-vous hebdo
comme dans tous les pays du monde... sauf que... à Rissani c'est pas la même campagne,
pas la même qu'à Erfoud ou à Casa... Le marché n'a guère changé depuis des siècles.
On prend son élan et on plonge dans le dédale d'allées nauséabondes ombragées de plastiques délabrés. Les silhouettes noires des femmes se glissent avec discrétion, les voiles recouvrent tout le visage, un oeil parfois apparaît et se cache vite à la vue d'un étranger.
La zone animale se signale par les hi-han orchestrés des ânes et des baudets..

c'est la plus forte concentration que nous ayons pu voir. Celle des retrouvailles entre copains, alors on se raconte sa semaine, on se fait des câlins dans l'oreille, on se promet de revenir jeudi prochain.. hi-han toi ! Les maréchaux-ferrants mobiles ne chôment pas et vont de monture
en monture au gré des files d'attente... clic clac pour ma collection !
La route nous aspire à nouveau, paysage connu puisque nous remontons vers Er Rachidia..
Erfoud est dépassé, à la hauteur de Borj-Yerdi un geyser ponctue la nudité.. pas signalé, ne le loupez pas il mérite un tout petit crochet. Il nous rappelle que nous sommes sur un ancien,
très ancien lac. Que le sous-sol est gorgé d'eau malheureusement saumâtre. La bouche crache
une eau chargée de calcaire qui se répand en cascatelles vers le lit du ziz tout proche.
La palmeraie suinte toujours entre les roches abruptes...
et Meski, toujours aussi source bleue, nous retiens pour la pause midi.
Nous retrouvons notre palmier de l'aller. En un seul jour la température a grimpé de 3 degrés.
Une quadrette d'adolescentes "modernes" vient rôder près du Fleurette. Le gardien leur fonce dessus et leur demande de partir. "Monsieur avez-vous une clef pour réparer le cyclo ?"
Ca y est , elle a trouvé la parade ! Bien sûr que j'ai une clef !
Et pendant que le copain règle sa roue arrière avec ma clef de 17...
Pourquoi le gardien vous a t-il chassées ?
"Ils ont des ordres pour que l'on ne parle pas aux étrangers, pour ne pas vous gêner ! "
C'est la plus grande qui explique, dans un français parfait.
"Moi je suis Aïcha, elle Fatima, elle Amida, elle..." j'avoue avoir oublié...
"On vient de la ville, car en ville il fait très chaud...."
"Ce matin on a passé un examen blanc, alors cet après-midi c'est détente..."
C'est vrai Aïcha, nous aimons bien les échanges avec tout le monde,
mais souvent les enfants vont trop loin et cela devient pesant.
La clef à molette a terminé sa mission, et la quadrette nous quitte pour aller piquer une tête
dans le bassin et jeter le désarroi dans la tribu masculine qui y roule les mécaniques !
Une caravane allemande tractée par un 4x4 vient se glisser dans notre ombre...
Corvée de cassette, plein d'eau et roule...
Errachidia
est écrasée sous la chaleur, on la comprend Aïcha !
Rien au programme si ce n'est superette pour un plein de vin, les adresses sont rares,
et connexion internet si c'est possible.
Pour l'objectif supérette c'est perdu, elle est fermée et ses vitrines en déconfiture.
Pour le cyber internet c'est chose assez facile... trouver oui, pour le reste...
Les liaisons sont toujours aussi lentes, moi habitué à adsl je prends des crises.
Il faut lire et répondre sur le serveur de la bal... 1 à 2 minutes entre chaque affichage de page.
J'ai pris le parti de copier mes messages en bloc-notes pour préparer des réponses à envoyer à une prochaine occasion... Internet vitesse chameau !
55km en dromadaire-chameau cela fait combien de temps ?
En Fleurette c'est une petite heure de terre désolée dans la lumière crue du soleil qui décroît.
Goulimima
est une étape bien neutre des grands circuits marocains.
Demain on visitera son top, un ksour. Pour l'heure on cherche un bts... tiens "Auberge camping"
et pourquoi pas ! le fléchage amateur nous entraîne dans des ruelles de banlieue, terminus,
on perd la piste. Un "guide" n'est jamais très loin. il nous remet en piste en nous accompagnant..
Auberge oui, camping à la rigueur, camping-car nenni...
l'acrobatie pour rentrer dans le jardin verger tiendrait du miracle.
"Mais va donc à l'autre camping, celui de Michèle, c'est une française!" . ben voyons !
Nos guides sont bien défaillants en camping pour Goulimima, sinon ils l'auraient repéré ce grand camping sur la route de Ouarzazate ! Larges places, piscine, accueil sympa... et rest'à bord !
Ce sera couscous poulet... un peu long d'attente, on fait durer l'apéro.
Seul un Jumpy allemand nous tient compagnie. Dialogue plus que sommaire.
Au lit, on s'est levé tôt ce matin pour le soleil !

vendredi 7.
Objectif le ksour. Tiens , tiens mais c'est notre chemin d'hier soir pour le camping infructueux !
Et comme par hasard aussi on y retrouve notre "guide"..."comment il était le camping ?".
"Si ti veux je te fais visiter !" Et combien tu demande ? "C'est comme ti veux !".
On arrive à s'entendre sur 20 dirhams  ( 2 euros ).. et c'est parti.
Devant la porte du ksour l'animation est déjà importante. Des paysans ont étalé leurs sacs de maïs et de blé, d'autres de curieuses formes suppositoires pour éléphants, "c'est du sucre, tu casses avec un marteau.." A la fontaine la file d'attente des femmes enfle, la matinée est consacrée à ce rendez-vous papotage qui refait le petit monde des... mâles.

"Ti fais la photo d'elle, pas moi !".. il me faut ruser pour quelques plans significatifs.
Dans un angle d'ombre crue un groupe de musiciens attire les habitants...
"C'est la fête, le dernier jour de la fête de l'Aïd el Mouled, la naissance du prophète."
"Demain c'est fini, on va travailler.." Ah !
Le groupe de paysans psalmodie une litanie religieuse en harmonie avec le groupe  musicien.
Suivant notre guide occasionnel nous entrons dans le ksar. depuis plusieurs jours nous voulions voir ce qui se passait derrière les hauts murs. Le détour est impressionnant !
A lui seul le ksar de Goulimima nous donne l'intelligence de l'histoire des ksours. Enceinte fortifiée aux hauteurs impressionnantes, 3, 4 étages et terrasses, flanquées de tour de défenses.
la vie était une défense permanente devant les attaques des tribus berbères.
Toute l'architecture de ces villages fortifiés est lié à ces traditions guerrières.
A l'abri des murs remparts le ksar est d'abord village avec sa mosquée et sa vie commerciale.
Chaque mètre nous fait démonstration de la construction en terre, le pisé.

"Chaud l'hiver, frais l'été ! " nous on connaît, notre maison est en pisé.
"ici quand il fait 40° à l'extérieur ici dans la kasbah il fait 25° !"
On comprend bien cela en goûtant cette fraîcheur un peu irréelle qui enveloppe les ruelles
alors que déjà en ce début mai  "à l'extérieur il fait plus de 30° !"..
Chaque ksar porte l'empreinte des artisans locaux, de ses maçons, de ses artistes dans
une recherche élaborée des motifs décoratifs.
Le décor de terre ocre, de roseaux ou palmes tressés a bien du mal à résister aux pluies.
"Il faut protéger les murs mais les gens ne peuvent plus..."
"Les habitants ils ont construit des maisons modernes, avec l'eau ,la douche, mais l'été
ils reviennent à la kasbah pour prendre le frais " nous confie un ancien connaisseur.
On s'infiltre dans les ruelles couvertes, de long corridors d'ombres et de lumière,
des silhouettes féminines se découpant avec harmonie dans les contre-jours.
D'hommes point, ils sont déjà en ville à papoter devant un thé menthe !
Les voiles noirs se relèvent subtilement devant un objectif trop voyeur, d'autres se baissent quémandant une photo souvenir. Délicate et rieuse Nacira, elle la voulait sa photo.
"Je ti donne l'adresse, si ti m'envoies !"
Mais bien sûr Nacira, jolie Nacira avec ton foulard de dentelles blanches.
Dans une encoignure c'est une autre génération qui attend le rare touriste.
Une petite ancienne, on peine à lui donner un âge, offre des châles aux couleurs locales.
Noir aux pompons colorés.. Suzy se laisse tenter pendant que je tente de comprendre
le fonctionnement des serrures à brosse à dents.

Pour moi, menuisier de formation, la technique est magique: un assemblage de pièces creuses
avec des chevilles, insérée en borgne, une clef avec des aiguilles positionnées pour correspondre aux chevilles. Les combinaisons sont infinies.
Pour les plus peureux un deuxième verrou utilise une technique encore plus raffinée.
"Ti soulèves avec li doigt et ça marche !" Je ne dois pas avoir le doigt approprié !
C'est à l'étape suivante, Tinejad, que l'on comprend mieux encore cette vie ancestrale.
Au bout d'une courte piste, impressionnante mais facile, au creux d'un oued desséché
les hautes murailles percées de grilles d'une demeure rénovée.
A la fois maison d'hôte et écomusée, le "musée des oasis" va devenir incontournable.
très bien programmé dans une douzaine de pièces étagées sur 3 étages un circuit passionnant de découverte de l'organisation de la vie et des traditions dans les oasis.
objets, outils, commerce, artisanat, religion, habitat... les séquences se suivent jamais lassantes
commentées avec simplicité par notre gardien-guide, aussi simplement que la présentation
qui n'a aucun besoin de mises en scène sophistiquée.
Autour du musée la vie continue dans le ksar. Les jeux d'enfants font bruisser les allées couvertes. Mais l'on est loin avec 12 familles des 200 qui peuplaient le ksar.

La route traverse maintenant un long paysage désolé... dans un hameau isolé une moissonneuse batteuse brasse l'air dans un nuage de poussière de blé.

Le travail vient de se terminer, dommage pour les images, les femmes balaient l'aire de battage. Je m'essaie à la technique de manipulation du balai de palme..
"C'est li travail des femmes, ti fais pas !".. C'est donc Suzy qui prend la leçon !
                                                                                                     
  routes des gorges... >
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