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à
Ouarzazate
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et relancez la musique
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Allons plus loin ! Le
plus loin programmé est Ait Benhaddou à
quelques 30km..
La route frissonne des coups de vent porteurs de sable,
étrange travelling entre des vallées
aux pentes
striées. Le soleil touche son déclin, les ombres s'étalent, le ksar est
collé gris terne contre sa colline, on verra demain matin. Des campings
annoncés point, à moins que ce parking de bord de route puisse être classé
camping !
On pousse jusqu'à Tamdaght, le bout de la route... asphaltée.
Le ksar s'estompe dans le contre jour cru du coucher de soleil, clic clac le
contour de cigogne !
Le ruban d'asphalte s'arrête net en plein milieu du village. Qu'est ce qu'on
fait ?
Là juste au pied du ksar une place style parking.. sous le nez des cigognes.
On descend... une meute d'enfants dévale d'on ne sait où..."bonjour,
bonjour...".
Petit tour à ce qui semble une auberge... fermée. La meute d'enfants est en
procession.
Le soleil est tombé, la nuit s'installe vite, les cigognes se disent bonne
nuit...
"Bonsoir Msieur'dame... je suis l'aubergiste, vous me cherchiez ?"..Ben
voyons !
Au rest'à bord du soir ce sera brochettes de poulet, service au salon dans
la nuit noire.
Tout est noir autour de nous, l'écho de quelques groupes électrogènes
résonne sur les murs,
la température est tombée... 17, 15, 12° maintenant. Demain on chauffe ?
mercredi 12.
Que c'est beau ! Le rideau se lève sur les nids de cigognes illuminés par le
soleil levant.
Il est tôt,très tôt... mais cela se mérite. L'air est frisquet 10°... et le
chauffage ne marche pas !
Un chien dort au pied du Fleurette et émerge lorsqu'un rayon de soleil vient
le taquiner.
A quelques mètres un habitant prépare un tas de terre à pisé.
Un paysan endimanché vient harnacher son mulet devant notre salon..
Au sommet du hameau le chant du muezzin secoue la torpeur. Une vie de Glaoui
!
Le hameau du Ksar se mets en activité lentement... Clic clac cigognes.
  
Notre aubergiste-brochettes vient d'ouvrir. Hier soir on ne l'a pas payé...
"Ti paye demain matin !"
a l'ombre de sa salle mi troglodyte mi tente berbère il baille encore d'une
nuit incomplète.
Fier il nous présente son coin-disk-jockey lorsque des groupes de touristes
s'attardent.
Une batterie de camion, un autoradio désossé, un vieux Teppaz en haut
parleur...
"Je vais au souk acheter ça pour changer les pièces, avec le sable ça s'use
vite! ".
le "ça" c'est les pivots d'entraînement du lecteur de cassettes..
peut être la seule pièce standard in the world !
"L'année prochaine on aura l'électricité, et l'abonnement !".
Accroupie au pied d'un pylône une jeune-vieille, d'âge indéfinie, nous
souhaite "bon voyage!"
Nous quittons nos cigognes avec regret.
Retour sur Aït Benhaddou, la Mecque du cinéma.
Passé la ruelle pavée, brillantinée chaque matin par le chapelet des
vendeurs de souvenirs,
la vue débouche sur le décor impressionnant des plus grands péplums.
Les découvertes de Laurence d'Arabie ne sont pas ici du carton pâte !

L'oued est en pleine eaux, ou presque, le gué est une aubaine pour les
muletiers du village..
rehaussé d'une rangée de sacs de sable, l'eau paraît encore plus
infranchissable sauf...
montés sur la coupe des buridans... et les futés du village organisent une
noria de transport de touristes. Le spectacle des
visages-blancs-jamais-contents vaut à lui seul la pause !
De l'autre côté du gué le ksar de légende aux maisons de terre rouge, aux
hautes tours de casbah, se détache encore dans la lumière du matin.. On
imagine facilement les splendeurs d'antan, lorsque à la croisée des routes
caravanières il était un haut lieu du commerce vers les vallées
pré-sahariennes. Les ruelles résonnent encore des échos des trocs !
La route est longue vers Tazenakht... longue et triste, étape de
liaison... le village est triste,
même abondamment décoré sur tous les bâtiments des tapis richesse
locale."Prenez plutôt le chemin du vieux village pour voir les femmes tisser
les fameux tapis".On y croit nous au routard !
A l'entrée du vieux village une signalisation abondante pour une association
de commerce équitable.. une casemate agencée pour attirer les bus-touristes...
allons plus loin... Stop sur la plateforme chaotique devant l'école... une
nuée d'enfants s'évade de la cour d'école pour nous envahir... donne moi
bonbon, donne moi dirham, donne moi.. et zut !
   
Balade au village à la recherche des "spécialités locales suspendues un peu
partout aux terrasses.." dixit Géo... de spécialités locales neni ! si ce
n'est l'escorte de gamins-collants.
On se rabat sur la casemate touriste..."tourisme-rural-social".. accueil un
peu trop attrape-turist..
pour être sincère... ça sent la magouille tapis. "Je suis président de
l'association etc etc..."
On ne lui a rien demandé et il se répand en démonstration de validité, livre
d'or, certificats en tous genres... trop beau pour être... disais ma
grand-mère. Moi aussi je suis président !
Au mur une galerie bien ordonnée de photos des tisseuses, quand à les voir
c'est sur commande ! On ne dérange pas..."si ti veux photo, ti peux
faire..." claquement de doigts
et l'hôtesse d'accueil se transforme en
tisseuse... le président en contrôleur des photos finies.
"maintenant ti viens prendre li thé !' programmation habituelle... Non merci
il faut que nous avancions !..."mais pour li photos ?" je dis en douce à
Suzy de donner 10 dirhams à la dame.
"Si c'est pas tapis la photo c'est pas 10 dirhams" le président devient
furieux...
"li photo li touristes ils donne 50 dirhams.." 50=5 euros !..non mais !
Allez on laisse tomber !
Pas content le président ! "Ti as pris photo ti dois payer !" Ben voyons !
ici c'est tapis ou photo ! Qu'on se le dise dans les guides !
Petites courses au village et la route terne et cabossée nous reprends...
Aux abords de Taliouine le sol verdit, un peu... le paysage devient
providence paradis.
Nous sommes au coeur du pays safran et ses rites ancestraux. Les panneaux
nous annonce
la couleur mais pour en savoir plus arrêt à la coopérative
locale. Remarquable de simplicité
le guide nous donne les clefs de
compréhension. Le safran c'est d'abord un crocus, ceux
que nous appelons
colchiques chez nous, mais pas n'importe lesquels ! ceux à 3 pistils
qui
fleurissent en octobre novembre. Les fleurs ramassées avant le lever du
soleil offrent
ces filaments délicats utilisés en cuisine, en décoration, en
teinture...
   
Oui mais la contrefaçon du safran est coutumière et nous sommes attentifs à
la démonstration pour reconnaître le vrai du faux ! Les fameux pistils
oranges n'ont plus de secrets... pour Suzy !
Négociation d'achat du petit stock et pause midi idéale au bas du village à
l'orée de
la palmeraie. Le salon ouvert sur une esplanade nous vaut quelques
haltes sympas de riverains.
"Bonjour... Français,...bon voyage !"
Encore 2 heures de route pour Taroudant... les paysages évoluent
rapidement.
La montagne sévère laisse place à une large vallée cultivée. Les
plastiques des serres scintillent
dans
le soleil, les camions de légumes s'étirent sur une route défoncée...
Les
premières chèvres perchées dans les arbres nous signalent que nous entrons
en territoire d'arganiers,
ces arbres aux vertus particulières, mais nous verrons cela demain !
Les superbes remparts en terre de Taroudant sont colorés par le soleil
couchant.
Au revers de la place Bab El-Kassem quelques fans de foot du quartier se
préparent pour
la Coupe du Monde... 2010. Ah cette coupe 2010 ! Le Maroc est immergé dans
ce challenge...
et se prépare pour samedi une nuit de liesse ou de déception: samedi on
saura quel pays l'organisera cette coupe du monde 2010 ! Inch'Allah ! Visite
demain matin.
Opération Internet, on va voir si Wanadoo wanadouille toujours.
Relever sa bal est un test de patience et de ténacité. Lenteur incalculable
des ouvertures de pages du serveur, déconnexions fréquentes... Envoyer un
message est une leçon de courage:
ouverture formulaire: 3mn, choix des destinataires: 2mn, fichiers attachés:
2 à 3 pour chaque...
Il faut vraiment en avoir envie ! De quoi prendre une crise de nerfs... Suzy
m'abandonne de guerre lasse... pour revenir m'alerter que les enfants du
quartier s'attaquent au Fleurette... ouille !
J'ai passé près d'une heure de connexion pour récupérer une poignée de
messages.
Du coup le jour n'est pas loin du déclin et il nous faut vite trouver une
solution nocturne.
On ne peut plus maintenant aller jusqu'à Tioute.. ce sera pour demain. Je
crois me souvenir avoir vu un panneau camping en arrivant... retour sur la
route, neni ! "Li camping, ti va près de la police là-bas !" nous conseille
le pompiste.. Confirmation par le policier du rond-point " Il n'y a pas de
camping, vous pouvez aller devant le commissariat ou sous les remparts près
de l'hôtel Salam"... Nous optons pour le Palais Salam, et pour calmer les
nerfs d'Internet et des enfants envahissants : resto en ville. Au secours
Routard, Géo et les autres.
Ce sera chez Nada ! D'autant plus que sa terrasse panoramique là-haut semble
attrayante.
Là-haut dans l'attente de la tajine recommandée Routard le vent a fraîchi,
le froid nous
prend,
la tajine maison, kefka aux boulettes de viande à l'oeuf, a des allures de ronron..
C'était pas le bon jour ! Un petit taxi et vite on rentre au Palais Salam.
1,2,3... 4 camping-cars sont blottis contre les remparts, le silence presque
autour...
10 dirhams pour la nuit... le gardien veille. Bonne nuit !
jeudi 13.
Le soleil joue à cache cache entre les nuages et les palmiers du parc Hassan
II.
Le spectacle est devant le salon Fleurette: carrioles de paysans vers le
souk du jeudi,
jeunes filles en djellabas de footing, policier et gendarme en garde
commune...
Notre gardien nous salue chaleureusement... bien la nuit des remparts !
Destination Tafraoute mais comment ? sur la Michelin la route directe est en
piste et quelle piste..
une petite info de Géo parle d'une bonne route, mais il arrive que des
pistes soient meilleures que des asphaltes décomposées. En se posant à la
gare routière on pense pouvoir se renseigner puisqu'il n'y a pas d'office de
tourisme.
Première étape donc "gare routière"..."Vous vous garez là près du poste de
police !' et ti viens avec moi.. le policier bon enfant nous accompagne dans
le dédale de la masse des "grands taxis" ceux qui font les longues
distances... Il sort de sa vieille Mercedes un petit vieux, discute un
instant... "la route est bonne, pas de problème, asphalte... ti peux passer
!"
Ouf... par la route dite "normale" c'est 100km de plus ! merci li police !
Aux souks toutes ! Souk berbère grandes allées propres et ambiance
particulière, souk arabe
  petites ruelles enchevêtrées et nauséabonde... On
en a vu déjà beaucoup mais ici l'ambiance est encore différente et nous
apprécions. Leçon d'herboristerie et d'épices chez Mohamed.
"J'ai pas d'adresse, mais ici je suis connu !" c'est vrai qu'il en connaît
un rayon Mohamed
sur l'art et la façon d'épicer ses clients.
La coupelle de terre chargée de colorant fleur de coquelicot pour
sensualiser les lèvres
vous connaissez ? et la galette de pierre pour user les peaux mortes ?
Suzy se fait un
régal de constituer sa collection d'épices cuisine... pour les plantes
médicinales reste à faire. Et pourtant rien n'est ignoré des maux de ventres
aux règles difficiles en passant par la diarrhée africaine ou le cholestérol
de l'intestin...
  
Et puis le viagra de Taroudant est le meilleur du monde.. "Tiens regarde moi
!'...
Opération carte postales, recherche encore une fois infructueuse de
l'autocollant ovale MA
que le Fleurette quémande, recherche toute aussi
infructueuse du klaxon spécial sons d'animaux qui, comme j'en avais un
antan, nous permet de nous signaler dans les villages sans agresser !
On retrouve la gare routière, le Fleurette et Daky... et la route vers
l'oasis de l'argan, Tiout.
Le paysage change, on se croit en pays d'oliviers mais ces arbres torturés
sont des arganiers.
Une espèce à sauvegarder car menacée par maladie et désaffection. Et
pourtant que de vertus !
A l'égal des oliviers crétois vous êtes parti pour vivre centenaire.
L'arganier c'est cette arbre curieux, torsadé, dans lequel montent les
chèvres pour le plaisir des touristes.."10 dirhams !"...
C'est surtout cette huile rare et précieuse qui a gagné une renommée
mondiale.
Le bois est utilisé pour le feu et la menuiserie, les feuilles pour la pulpe
et le fourrage, les résidus d'extraction de l'huile engraissent les bovins..
et l'huile, ah l'huile !
depuis la nuit des temps elle régénère la peau, diminue les rides, réduit le
cholestérol,
rends le viagra obsolète et détruit l'artériosclérose... et tout et tout....
A la coopérative Tagarnine des femmes de Tiout, organisée savez vous avec
l'aide de la principauté de Monaco... Mina avec son charmant sourire nous
guide dans la compréhension. Les ateliers des femmes du village bruissent de
papotages, le déclic indiscret du Nikon sème
la panique et les émois.. Entre celle qui lève vite le voile et celle qui
ose la pause...
  
la vision des minois sur l'écran est magique. Merci Mina !
La palmeraie de Tiout se cache au bout d'un travelling entre les murs de
pisé du village...
on la croit mirage et elle apparaît en 2 palmiers autour du minaret. ouf!
Fleurette n'y croyait plus !
Comme d'habitude on va "jusqu'au bout!" ah le bout ! la piste carrossable se
casse sur la plus belle des scènes de lavandières. Allez Fleurette on
s'arrête ici !
Les femmes sont au battoir dans le caniveau, les gamins pépient , les linges
sèchent collés
au rocher.. Images paradisiaques d'une dure vie rurale ou la mère Denis n'a
pas mis les pieds !
"madame donne moi..." on connaît le refrain, on fait patienter et l'on fait
une distribution
de bonbons lorsque les plus collants on décroché..
Je tente quelques photos des lavandières... et arrête bien vite,
officiellement, devant l'hostilité..
Et pourtant elle est photogénique la petite dame en foulard bleu... je suis
persuadé que seule j'aurais mes chances de lui proposer un beau portrait..
Inch'allah !
Pour les enfants les bonbons sont au moins une monnaie d'échange ! Quelles
belle frimousses !
Retour vers le village "moderne" en traversant les ruelles du vieux , les
enfants comme les adultes nous font des saluts amicaux... des "turists" ici
ce ne doit pas être fréquent !
La route glisse entre des nuées d'arganiers. Soudain un troupeau de caprins,
celui que j'attendais ! Il me les faut les chèvres dans les arbres ! Et
elles sont là au rendez vous...
  
Le berger est fier de ses acrobates et fait la police afin qu'elles ne
s'éloignent pas.
Il faut les voir les
biquettes grimper sur les branches comme des ouistiti sur des bambous.
Les feuilles des arganiers vont elles résister aux dentitions tondeuses ? Il
faut croire que oui !
Tafraoute décor
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