.  
<<< début du récit
< page précédente
  <<<  en direct aux étapes
couleurs du Rif... 
3


.
.


.
.
.

.
.
.

.
.
.
.
.

 

à Tétouan   iouvrez la carte    et  relancez la musique   .
.
mercredi 28
Le temps est au gris, plafond bas, quelques gouttes tintent sur le toit... des petits hérons
se baladent autour du fleurette... et là-bas sur la rue des groupes de jeunes femmes partent
au travail en papotant. Un groupe de "pigeots" arrivées dans la nuit se réveille et s'apprête
à reprendre la route du sud... Pour nous c'est visite Larache et retour à l'est, à notre itinéraire !
Des trombes d'eau se déversent sur la ville... la vie est comme ralentie.
Dans les bourrasques les paysannes qui descendent des collines pour vendre au marché
semblent héroïques. Les étals souks sont bâchés... A quelle heure il vient le soleil !
"Dans 5 minutes m'sier !"... Et si on en profitait pour se connecter en un cybercafé ?
La chance est avec nous... un poste libre au CyberOcéan !
On pose nos k-way humides et c'est parti pour la revue de bal !
la bal-voyage confirme les échanges sms avec Françoise et Luc...
F: salut Luc.. nous ne sommes que deux pour garder la maison !
L: mais non, on est les meilleurs !
(ndlr: traduction approximative !)
Fatigant de rédiger sur le site ! Eh vive Outlook !
L'orage se calme un peu. Opération retrait à la caisse auto... et vite un tour au marché !
Un marché de grande architecture, restauration merveilleusement réussie, certainement le plus
bel ensemble de la ville. Le responsable me guide dans les travées du premier étage vers
des points de vues exceptionnels pour les photos. Vue de là-haut sous les coupoles la beauté n'en est que plus belle, et les plongées sur les étals de poissonniers impressionnantes.

Il faut se décrocher, la route appelle !
Elle se glisse entre les collines vers Tétouan.
Entre deux vallées la nappe éclatée d'un lac de barrage... oualouh !
La route ancienne se termine dans la flaque du lac. Traversé le village de Dar Chaoui ,
nous nous posons au bord des vaguelettes frissonnantes sous le vent.
Une jeune paysanne en habit rayée des femmes du Rif vient puiser de l'eau avec 2 seaux..
essai d'échange difficile...5 enfants, les trois ici et deux là-haut dans la maison masure
à cent mètres.. les seaux en balancier elle remonte le pénible sentier.. et redescend
quelques minutes après pour un autre voyage.
Ah si seulement on pouvait aller plus loin que quelques mots de charabia !
Moi Suzy et toi ? "Moi Natacha !' il doit y avoir erreur, Natacha c'est pas un nom d'ici !
Et pourtant le sourire d'Aicha-Natacha est magnifique, craquant, dévastateur !
Une grappe d'enfants se constitue peu à peu, sympas et pas du tout envahissants.

Une distribution de bonbons les ravis, l'un d'eux veut nous offrir sa pêche, pôvre poisson !
Un grand coup de soleil bouleverse l'agencement gris des nuages.
Dans cet éclat de lumière qui irise les vaguelettes du lac il nous faut lever l'ancre, bien à regret.
Une petite demi heure de route et voici Tétouan. Accrochée à une colline pelée, comme un balcon immense ouvert sur les vallées. On s'y infiltre par de larges boulevards dédiés aux rois.
Qu'elle a dû être belle la Tétouan d'antan ! 
Les styles se fondent, les façades hispano-mauresques tentent de garder une jeunesse
par quelques coups de pinceaux dorés. Mais le coeur n'y est plus, le délabrement atteint des sommets. La galle du laisser-aller grignote les immeubles qui ont couvé tant de fastes!
L'avenue Mohamed V  a 2 visages, face à face depuis la place Moulay.
Côté marchand en déconfiture: magasins aux rideaux métalliques tirés depuis des années.
C'est le domaine des vendeurs de tout et de rien, étalés à même le trottoir ou dissimulés
dans des encoignures.
Côté musts en direction de la médina. Les façades tentent de résister à l'usure.
C'est la rue du paseo du soir. On s'y fond dans la multitude des promeneurs du soir.
Les abords de la place Hassan II sont un concentré du décalage du pays. La grande place dominée par le palais royal, au pavage trop moderne, ceinte de barrières de sécurité type vigipirate, est brillantinée par le passage quotidien des lustreurs de la voirie. A deux pas, deux centimètres, un monceau d'immondices décomposés par le temps dans leurs sacs crevés.
L'inévitable guide rabatteur nous accoste. "Ti es Français" non Japonais...! "Mon père est coiffeur là-bas !" Ah ! mais à quoi tu vois que j'ai besoin d'un coiffeur ? "Si ti veux je te fais visiter la médina !" Ah... pour couper les cheveux en souk !
Ouf on l'a semé ! On se laisse glisser dans le lacis des ruelles de la médina.
La pluie a ravivé les couleurs, celles des pavés qui scintillent, et des stores qui pendouillent.
Les odeurs sentent la fraîcheur. Les oranges en montagnes, les grappes d'alimentation noires de téléphone mobiles, contrastent avec les foutas, pièce de coton rayées de rouge et nouée
à la ceinture des paysannes du Rif.
Ici on les fabrique les djellabas, on y travaille le cuir et le bois, on y cuit le pain, on y vit !
On retrouve le fleurette au grand parking central bien pratique pour peu de dirhams.
Décision, il nous reste 1 heure avant la nuit ? On va sur Chefchaouen ou on arrête ?
On y va , on s'arrêtera en montagne à mi-chemin.
Le mi-chemin nous présente une grande place dans un état de saleté inimaginable.
Le Fleurette se cabre. "Ah non pas ici !"... alors on fait quoi ? ".Au camping  de Chefchaouen !
Course avant la nuit, fleurette aime ça ! On atteint le camping perché sur les hauteurs,
là où plombent les nuages qui ne nous ont pas lâchés de la journée.
Accueil sympa, notre gardien est étudiant à Tétouan dans la journée.
"Ti te mets où ti veux, électricité au bloc à droite...."
On se glisse entre une pigeot où une famille s'apprête à passer la nuit et un immense
camion-aménagé allemand, mais surtout salon en ouverture sur la vallée en bas,
pour la vue demain matin, on l'imagine déjà !
La pluie reprend de plus belle, tant pis on est au sec et branchés 220 !
Relevé de sms: de f. pas reçu messages depuis chez José...
Allez ce sera au programme pour demain !

jeudi 29.
La pluie n'a pas cessé de la nuit.. la vallée est dans la brume. Bonne journée !
Quel panorama... si l'on avait du soleil ! Enfin on imagine !
Les maisons étagées se perdent dans la verdure. Les lauriers roses bordent les rues.
Le jardin dessiné par Miro lui-même ouvre la ville haute.
Un groupe de jeunes "artistes" d'une coopérative artisanale travaille à même la rue à la décoration de meubles en bois peint. L'objectif du Nikon les dynamise et valse le pinceau.!

C'est jeudi, jour de marché.
Les paysans du Rif sont descendues de leurs montagnes.
La ville leur est livrée. Leurs grands chapeaux de paille à pompons, les foutas des femmes bigarrent les rues. Descendre au marché est une initiation, l'atmosphère y est étrange,
les touristes, les vrais, espèce inconnue. On navigue entre les foutas rayées, les monceaux d'oranges, les épices enivrantes... on patauge dans la boue mêlée d'immondices.
Je fais "ma collection d'images volées"... la couleur enivre aussi le Nikon !

Après la poste, réserve de timbres oblige et l'Internet "pas connexion" avant ce soir..
visite surprenante à la médina. Un choc de beauté !
Les murs sont chaulés blanc-bleu en fondu-enchaîné. Les ruelles en escaliers, entrecoupées
de paliers se croisent et s'entrecroisent dans un lacis toujours renouvelé.
Les paysannes rayées de rouge occupent les parvis de mosquées, les margelles des fontaines. Médina fête des yeux, avec une propreté qui nous réconcilierait presque avec la déception de nos premiers jours. La collection d'images est à son comble !

A la sortie de Chefchaouen un panneau délavé nous avertis " nous nous excusons pour
le dérangement dû aux travaux"... nous voilà avertis pour la route d'Ouezanne !
Avertis... mais qu'elle est longue cette route en "travaux dérangeants" !
Les gamins nous saluent au passage, les chevriers repoussent leurs troupeaux
sur les bas-côtés... quelques hameaux étalent leur misères.
L'ancienne douane du pont de Loukkos nous rappelle les divisions d'antan entre France
et Espagne. Nous voici en... protectorat !
Ouezanne, comme Tétouan, comme Chefchaouen, étage ses maisons blanches sur fond
de forêts sombres ; dans les vallons dévalent les fruitiers, les oliviers à perte de vue.
A l'autre sortie de la ville on trouve une petite plateforme pas trop crade pour la pause midi.
Soudain des vagues de jeunes déboulent de la ville. L'école est tout près... Ces centaines d'enfants sur le chemin de l'école, sans 4x4 de la maman, sont déjà une de nos images fortes.
Les filles en jeans, chasubles blanches sont tout sourires et font des petits gestes de la main.
Les garçons plus délurés s'engaillardisent jusqu'à venir toucher le fleurette !
"Bonjour Misieur!" "Misieur donne-moi di l'argent !".. refrain connu.
Un adulte vigilant vient de temps en temps calmer les ardeurs des jeunes.
Retour en ville dans la cohue indescriptible de la fin de marché. La rue est livrée aux ânes,
aux portefaix croulant sous les ballots, aux paysannes qui se hâtent vers les minibus.
Détour, une fois de plus, à la médina. Toutes semblables de prime abord... et c'est là une nouvelle découverte, un nouveau choc. On y pénètre par une arcade finement ouvragée et tout de suite une atmosphère étrange, un silence simplement percé des grincements des tours à bois des artisans. Un petit vieux nous colle depuis un moment. "Si ti veux je te montre la mosquée ! C'est la plus ancienne di Maroc..." on se laisse piloter. Il est vrai que la Zaouia accuse son âge. Minaret octogonal aux mosaïques érodées et couvertes de mousses.
"Si ti veux, ma femme elle travaille en dessous, ti peux faire photo !"
Et elle fait quoi ta femme ? "elle fait di tapis !" Ça va on a compris ! On visite quand même.
La "boutique" est exigue, l'épouse sort de sa somnolence veut embrasser Suzy qui flaire le piège, sorti d'un soupirail un cousin quelconque, les acteurs sont en place.
La démonstration de tapis pas chers étalés en deux mouvements est bien rôdée.
Avec l'habitude on arrive à se dégager du traquenard.

Pas heureux notre guide ! il nous lâche furieux et fonce tenter de capter un autre client.
On se laisse glisser entre les boutiques d'artisans, menuisiers, tailleurs, forgerons...
L'autre côté de la médina est plus "intellectuel". Suzy y va faire sa provision de cartes postales.
Le choix limité est vite décidé... "Bonjour M'sieur dame !  vous êtes de quelle région ?"
La voix est claire et nette... la presse du jour en français sous le bras. "Ah mais je connais Grenoble ! j'y étais passé en 1965 !"..."Comment vous trouvez le Maroc ?" ... ben c'est que...!
"Vous savez que nous sommes beaucoup à regretter le protectorat ?"... ben c'est que..!
"Oui c'est délabré, mais nous avons des hôtels trois étoiles, des golfs... des..." ...
ben c'est que... et il a bien compris que nous n'étions pas dupes. Les trois étoiles avec green
ça ne met pas nécessairement du beurre de l'Atlas dans les épinards du Sahara !
On resterait bien plus longtemps à comprendre le sens de ces flash-back sur une époque
dépassée depuis un demi-siècle... mais il nous faut prendre la route.
Elle s'insinue sur un long plateau, régulière et monotone vers Meknès. Attraction permanente
les gardiens de troupeaux qui curieusement font paître leurs animaux dans les bas-côtés
de la route alors que les champs sont verdoyants. Serait-ce donc dans l'espoir de notre halte
avec à la clef le sempiternel stylo ou le recherché tee-shirt ?

L'objectif du soir est Volubilis, le must archéologique du Maroc.
La pluie qui n'a guère cessé nous y accueille dans une gerbe venteuse.
Le parking du site semble idéal pour ce soir, d'autant plus que la nuit s'annonce.
Manoeuvre, petite cale à droite pour redresser le trop pentu...
"Vous pouvez pas rester ici !" Ah bon... et pourquoi ? " Di statues ont été volées, alors..."
Alors on est punis pour d'autres ! Et on fait quoi ?
"Vous avez un complexe à 7 km vers Meknès..."
A deux pas Moulay Idriss, la ville sainte number-one... inutile d'essayer. on va se "complexer" !
En fait il s'agit du camping-région, merveilleusement situé dans un verger d'oliviers.
Accueil spartiate, terrain spartiate mais tellement sympa ! La petite chienne nouvelle mère
de famille vient faire du charme à Daky... du charme et du croc ! Oh là !
Formalités, reconnaissance de la cuisine et ... rest'à bord !
Pour ce soir ce sera tajines ! Tajines à noter rayon réussite.
Petite mise à jour culinaire : une tajine est la fois le contenant, marmite ronde en terre cuite au couvercle pointu, et le contenu, ragoût cuit à l'étouffée plusieurs heures.
La nôtre ce soir est traditionnelle: boulettes de viande, légumes, épices... servie brûlante !
Nous sommes seuls au camping, quelques arpents de "dur", une plateforme attrayante mais envahie par des hautes herbes qui attendent un volontaire pour la coupe.
La nuit est tombée maintenant... le gardien met les lumières et la plateforme herbeuse vibre
des décibels d'un vieux groupe électrogène.
Le ciel gris est devenu sombre. Le mauvais temps nous accompagne depuis 3 jours déjà.
"On n'est pas venu au Maroc pour avoir ce temps !" nous disait ce matin au camping de Chefchouen, une des dames du groupe de camping-cars Autostar .
C'est vrai ça madame vous auriez dû demander une météo garantie !
On avait oublié que cette région est une des plus arrosées du Maroc, les champs verts en sont le témoignage. Les forêts de chêne liège nous rappellent le Portugal mais alternent vite
avec les ondulations des vagues d'oliviers.
                                                                                                         
 impériale Meknès... >
.


si vous êtes arrivé sur cette page sans passer par l'accueil: cliquez ici