| | Chevauchée
espagnole
Il
y a combien qu'on a été en Espagne
?
Recherche laborieuse parmi les souvenirs qui se croisent et se
superposent.,
et la réponse exacte est: " trop d'années, il faut revenir tout
de suite!"
Y
a-t-il quelques endroits qu'on n'a jamais vu ???
Nouvelle recherche plus laborieuse encore et réponse: " peut-être
Huelva et alentours" …
peut être. Il ne reste plus qu'à vérifier personnellement!
Comme
toujours, c'était le jour avant notre congé d'été (durée 14 jours)
et, comme toujours,
cela était toute notre préparation au voyage !! On part de Brescia
vers midi ..comme toujours,
et pourtant vers le soir on est près de Gap
pour notre halte. On la fera dans un petit camping
au bord du lac. Quand on
voyage sur des longues distances.. on utilise souvent les campings
( on
est pratique, nous!) car cela nous simplifie la …vie pour ce qui
concerne l'eau, la vidange
et les petites courses (lait, pain etc.) et surtout on peut voyager au moins
jusqu'au coucher
du soleil!!
Le
lendemain on traverse ,un peu en zig zag, la douce France …Die sur D993, un regard
sur
la Drôme, Privas, Aubenas sur N104…on
a déjà vu…mais toujours on se dit qu'il faudrait
pouvoir se balader
avec plus de calme dans ces villages de charme…
et pourtant on est
avides de nouveaux paysages.. et on avance!
Peut-être un jour…quand
on sera plus sages…c'est à dire jamais!!
En
suite, Mende, Millau (on n'a pas le temps mais il faudrait vraiment revoir les
toujours belles Gorges du Tarn)…mais
voila Rodez et Albi et enfin les Pyrénées
et un délicieux camping
à Ax-les-Thermes
où nous passerons une nuitée très rafraîchissante!
Le matin venu on va.. affronter les Pyrénées par le col
du Puymorens (paysage ..et courbes superbes!!). Tandis que mon mari
conduit le Rimor j'essayerais bien volontiers d'immortaliser,
avec mon appareil photo, toute cette merveille qui s'étale sous nos
yeux…mais, pourvu que
le mari susnommé ne s'arrête que pour cause de gendarmes ou….d'éboulement.
Je devrais, dans l'ordre: prendre l'appareil, cadrer un bon sujet, bien
entendu à travers
le pare-brise, et prendre ma photo!! Tout cela avec
la conduite plus que téméraire de mon mari , ….quelque porte de
placard qui s'ouvre vomissant son contenu dans le couloir ,…
Mistral (le chien) qui , lui aussi, va vomir dans les coins car il a le
mal de la route (et c'est normal, étant donné le chauffeur!!)..les
cartes routières qui tombent au sol et le fameux mari qui demande naïf :"maintenant dois-je tourner à droite ou à
gauche?".
Je
lui donne, normalement, une réponse quelconque et, après avoir pris ma
photo, re-contrôlé Mistral, et ramassé mes cartes…enfin j'essaye de
comprendre où l'on est en train d'aller!!
Tout cela ne nous empêche, pourtant, de nous étonner chaque fois des
deux faces des Pyrénées (merveilleuses toutes les deux), au deçà et
au delà de la frontière (…et de l'arête, aussi!):
côté France, forets vertes, parois rigides, climat frais, côté Espagne
rochers nus, végétation basse
et flancs arides et, surtout au mois d'août, les couleurs dominantes
que sont le jaune ou l'ocre.
Une
lumière aveuglante est partout.. et ne nous abandonnera plus sur les
routes de l'Espagne
du sud!
J'irai m'apercevoir dans
quelques jours que chaque soir mes yeux brûlent !!
La Seu d'Urgell, puis la C1313 : Oliana, Ponts, Artesa…le
paysage est lunaire et on a presque personne sur la route.. et nous, on
est heureux et bien à l'aise..!
Mistral fait contre mauvaise fortune bon cœur, et n'essaye presque
plus..
de vomir dans le couloir!!
Un
itinéraire très peu touristique, on aime tout ça!
Sur la 211, Alcaniz (j'ai pas l'accent pour la "n"!), Alcorisa,
Mezquita de Jarque…les arabes ont laissé des traces
profondes…pas des églises mais des mezquitas…des mosquées ( je me
souviens de la cathédrale de Cordoba…une forêt de colonnes et de
petits arcs à se perdre!!) …Alfambra
et Teruel. Les noms aussi ont presque tous des racines arabes!!!
Heureusement Roberto (mon mari) est bien entraîné et suffisamment
musclé…
car il n'y a pas une seule route toute droite!!
N330 pour Torrebaja et
n. 420 pour Cuenca
:maintenant le paysage est plus vert.
Beaucoup de plantations, oliveraies, vignobles et des courbes toujours.
On est surpris par la hauteur de ces lieux (en moyenne 700-800 mt.) ...
mais on oublie parfois que presque toute l'Espagne est un grand haut
plateau!
Villalgordo…la meseta espanola (toujours l'accent qui manque) va
commencer ..et de même
le chaud infernal…on s'attend d'un moment à l'autre don Quichotte qui
traverse la rue!! …
et tout à coup, sur la colline…. un grand moulin, puis un autre, un
autre encore…un défilé
de moulins!! c'est Mota
del Cuervo et il y en aura encore de très beaux à Campo
Criptana
et Alcazar de san Juan: ils sont presque tous restaurés.. mais avec
discrétion et bon goût…
et enfin c'est leur position qui est étonnante!!
Un
soir vers 8 heures on est à Cordoba..
à la recherche d'un camping dont on avait des souvenirs…d'il y a au
moins 20 ans!!..La ville s'est agrandie maintenant et elle est
devenue
très ordonnée et bien charmante…Une croissance harmonieuse avec
grands boulevards,
beaux jardins et beaux palais. .On est heureusement surpris…mais on
s'est carrément perdu!
il nous donnera une aide inespérée ce charmant…hidalgo local qui
nous conduira avec sa voiture au camping "El brillante" (en
plein centre: très utile pour la visite de la ville!!) et qui
emportera,
avec nos remerciements, une bouteille de Marzemino du Trentino!! bien
gagnée, évidemment!!
A
ce point, on n'a plus de souvenirs exacts concernant nos mouvements
suivants, vous savez
nous sommes , Roberto et moi, des voyageurs un peu…..par hasard mais
enfin on s'est ,
sans doute, dirigé vers Jerez
et puis Cadiz: Ici on a
contourné la grande baie....
(on a quelques bons points de vue et pas mal
d'ordures !!) et on est entré dans la ville ancienne.
Elle est très charmante avec une lumière
éblouissante qui blesse les yeux!!
Une délicieuse promenade bord de mer nous dédommagera de la suivante déception,
à la recherche d'un bon coin sur la côte par Chipiona
et Sanlucar de Barrameda:
établissements
de bain un peu. .bas de gamme, cultures intensives de je-ne-sais-pas-quoi
et petites usines partout.
Malheureusement la déception concernera aussi ,à Huelva, le site du Coto Donana qui était,
pour ainsi dire, le bout de notre voyage. On pourra constater que la rue
qui contourne le parc
( de construction très récente) ne permet autre vision que des
bordures artificielles d'arbres
et des dunes de sable artificielles eux-mêmes.
On peut entrer dans le parc à travers bien peu d'entrées et
…horrible découverte:
on peut le visiter seulement sur les jeeps de l'organisation du
parc….style safari africain!
N'étant pas en veine de jouer…Hemingway, on a changé de direction
tout de suite…
Et on a bien fait car un regard désolé à la carte (Michelin bien
sur!) me dévoile ...
une belle bordure verte a coté de la route A382.
Comme
l'avait promis ma carte, la route est très panoramique et verte, beaux
villages, bellissima nature et surtout on tombe sur Arcos de la Frontera qu'on pourra admirer et goûter pendant
une longue grimpée dans ses ruelles étroites et blanches de chaux! de
vrais trésors d'architecture se cachent derrière ces murs éblouissants:
palais, églises, places.. une découverte après l'autre!!
On finira par apprendre que Arcos et beaucoup d'autres villages dans la
zone s'appellent :
"pueblos blancos"…bien évidemment!!
Toujours
la carte , source unique d'inspiration pour cette (..et autres à vrai
dire!) balade espagnole, me signale la belle route 382 et sur la A376 la
ville de Ronda…qui me
rappelle vaguement
quelque chose…mais oui, encore lui : monsieur Hemingway et ses envies
de …tauromachie!!
En effet Ronda n'est pas seulement un merveilleux village perché sur un
rocher imposant et
très haut, elle est aussi la patrie de la tauromachie (je ne veux pas
l'appeler art…et on a déjà compris que mon cœur est tout pour le héros…à
quatre pattes!!) qui a commencé ses pas ici.
Elle possède la plus ancienne Plaza de Toros
de toute l'Espagne. On peut la visiter
(photos partout du surnommé écrivain américain, bras dessus, bras
dessous avec les toreros
les plus fameux!) et elle se montre très élégante et proportionnée.
A
ce point de l'histoire…on s'aperçoit qu'on a bien peu de temps pour
le retour.
On se lance sur la côte
dans l'illusion de moins fatiguer dans la conduite du CC
et de hâter le voyage…carrément trompé!!
L'autoroute et la route bord de mer sont en mauvais état et bourrées
de voitures et de camions,
de plus le panorama est horrible: pratiquement le catalogue complet de
tous les…..
cimenteries espagnoles !!
A
Tarragona on replie à l'intérieur
pour Lerida et on traversera
à nouveau les Pyrénées
près la belle montagne la Maladeta et son Pico de
Aneto. Je regrette de ne pouvoir l'admirer comme il faut, à cause
d'une pluie battante et de l'obscurité qui avance.
Enfin
Toulouse et la France à peu
près comme il y a quelques jours….et c'est tout!
…on
a vu beaucoup, on a oublié de voir beaucoup, on a goûté, respiré,
reniflé ce morceau d'Espagne avec avidité…comme des enfants devant
un jouet et je crains que, bien que notre enfance biologique soit bien
loin dans le temps,….notre façon de voyager ne changera jamais
:
on continuera à voir beaucoup, oublier beaucoup, goûter, respirer,
renifler…….toujours.
Maura
|