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Turquitudes ...


avec Sylvie...

MOI, 
je suis AMOUREUSE 
de la Turquie, na ! 
Bon, pis tu prends 
ce qui t'intéresse, 
tu sabres, tu coupes, 
tu corriges ... 
tu m'engueules 
si ça ne te convient pas, enfin tu réagis quoi !

Tu sais bien Sylvie
que nous aussi 
on est amoureux
de la Turquie..!

à vos amours 
amis du site !
















 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 












 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Hospitalité ...
J'aime les étendues désertiques et sans fin du plateau anatolien, seulement interrompues 
par la pointe effilée d'un minaret qui s'élance vers Allah ou par la forme massive des ruines 
d'un caravansérail qui jalonnaient l'Uzun Yolu (la Grande Route), l'ancienne route du sel 
qui reliait Konya, la capitale de l'empire seldjukide à la Perse (ah ! la Perse, j'en rêve ...) 
et qui accueillaient tous les 30 à 40 km les hommes, les bêtes et leurs chargements 
après une journée de cheminement.

J'aime ces couleurs de champs de blé dorés parfois tachetés du vert de rares peupliers, 
qui tranchent dans le ciel bleu. Chaque virage livre à mes yeux, un nouveau tableau, 
sans cesse renouvelé et qui m'enchante comme une gamine qui découvrirait la mer 
pour la première fois ... Tout est beau, immense, dépouillé, harmonieux.

J'aime ces femmes avec leur fichu savamment noué selon qu'elles sont fillette, 
adolescente ou femme mariée.

J'aime ces hommes qui s'arrêtent en bord de route, tout simplement parce que notre capot 
est soulevé et qu'ils croient que nous sommes en panne (et nous le serons plus tard ...) 
et viennent tout naturellement nous porter assistance.

J'aime ce pays lorsque le soleil finit sa course et que le paysage n'en devient que plus beau, 
les couleurs plus intenses et contrastées.

J'aime ce pays parce qu'il respire l'hospitalité et la simplicité,
Même si les femmes sont parfois voilées par choix ou par obligation ...
Même si le problème kurde reste entier ...
Même si la Turquie entre à vive allure dans le 21ème siècle ...
Même si ...
Même si ...

J'aime PROFONDEMENT et VISCERALEMENT ce pays, un peu comme une seconde patrie, 
je ne sais pourquoi mais je l'AIME !

Hospitalité turque :
Au milieu de l'Italie, le circuit de refroidissement du moteur a commencé à consommer du liquide de refroidissement, et à force d'en remettre, d'en acheter, d'en remettre ... on a fini par mettre 
de l'eau ... tous les 400km, il fallait faire le "plein", mais nous étions partis et notre objectif était 
de voir Palmyre et Pétra. Nous nous disions ou plutôt pensions tout bas : pourvu qu'on y arrive ... et nous y sommes arrivés; entre temps un soufflet de cardan, pourtant vérifié avant le départ, s'était fendu ... et, et, et, parce qu'il y a un et ... 
c'est là que l'hospitalité turque se révèle encore une fois :

Au sortir d'Ushisar, le village de Cappadoce et son très célèbre piton rocheux troglodyte, 
un bruit soudain de ferraille qui raccroche à l'arrière du camping-car nous affole; nous croyons que le porte vélo ou un vélo est tombé, mais il s'agit d'un piquet du store qui s'est décroché 
et traîne lamentablement sur la route pavée : arrêt immédiat dans la rue, recherche des morceaux manquants aidés des gamins qui jouent aux environs. Toutes les pièces du puzzle sont retrouvées.
Un vieux monsieur barbu, comme je les aime, très digne, très simple, très beau, beau de toute sa gentillesse, beau de toute son aide avec ses pauvres moyens, beau quoi, beau à m'en rendre émue; donc je disais, un vieux monsieur habitant juste là, voyant que nous sommes montés sur un pliant pour faire une réparation de fortune avec du chatterton, va, sans crier gare, nous chercher une chaise, puis du fil de fer et une pince : ils sont comme ça les turcs, volant à votre secours ...
Revenons à notre problème d'eau ... oui, nous avons pu voir Palmyre et Pétra et bien d'autres merveilles ... mais au retour en Turquie, le soufflet commençait à montrer des signes de fatigue malgré les graissages successifs pour tenir le cardan au mieux ..., l'eau était consommée sur 200km, puis 100 ... le problème devenait urgent à résoudre ... Retour en Cappadoce, on ne s'en lasse pas malgré nos deux voyages précédents en 1992 et 1998, et la fraîcheur de ses nuits ... qui nous change des 33° nocturnes de la Syrie et la Jordanie. Au marché d'Ürgüp, en plein achat de produits extra frais, nous rencontrons un turc nommé Sultan Mehmet, tenant boutique 6 mois de l'année ici, et travaillant 6 mois en France où il est routier, sa femme est française et nous accueille dans la boutique qui est fort connue des français (le Routard en parlant avec éloge !). Pendant que je fais la causette avec cette dame fort avenante et rigolote, les hommes partent dans un garage qui nous conseille d'aller à Kayseri, grosse ville de Cappadoce. L'adresse en poche, nous partons aussitôt, car nous sommes samedi et le garage Peugeot ferme ce soir à 18h; les problèmes ne nous empêchent pas d'admirer une nouvelle fois pendant 80km, d'Ürgüp à Kayseri, les splendeurs de la nature anatolienne ... A notre arrivée à 13h, attroupement général, thé ... le soufflet commence à être changé pendant qu'on nous emmène dans un salon voir la télé turque : à mourir de rire ! et qu'on nous offre des boissons rafraîchissantes ... A 17h, après moult et moult poignées de main, nous partons avec seulement le soufflet changé et une petite facture d'à peine 500F : c'est le week-end, et l'autre problème beaucoup plus épineux n'est pas résolu ..
Cool, nous nous reposons dimanche et lundi, dans un camping avec piscine.

Lundi Philou tente un démarrage, histoire de voir ou intuition ... masculine ou plutôt mécanique ? Bouli (petit nom de notre camping-car) ne démarre pas; je file à la poste pour chercher le n° de téléphone du garage Peugeot à Ankara, distante de seulement 300km. A la poste, il ne s'agit pas de faire le 12 pour avoir les renseignements, d'après ce que je comprends et la douzaine de coups de fils passés, le postier se renseigne à Nevsehir qui donne un n° à Kayseri, qui donne 
un n° à ... qui .... qui .... ouf, on arrive enfin à Ankara qui redonne un n°, qui ... qui ... Youpi, 
j'ai un n°, une adresse ... j'suis contente ... mais le postier me demande si je veux aussi appeler un garage à Nevsehir pour qu'ils viennent sur place, je dis oui et je repars au camping, voir ce qui se passe. Bouli a démarré avec l'aide de quelques turcs et français ... un jeune turc ayant étudié la littérature française discute avec nous et nous sert d'interprète avec le garagiste; mais 
il ne connaît pas le mot : joint de culasse qui semble être à l'origine de notre problème ... 
Mustafa, le patron du garage nous invite à le suivre à 20 km, le jeune turc nous ayant donné 
le n° de son portable pour éventuellement servir d'interprète si nous en avons besoin. Entre temps, je téléphone à l'ambassade de France à Ankara, pour qu'ils me donnent eux aussi un n° de garage Peugeot dans la capitale, on ne sait jamais ... ils me demandent de rappeler dans 10mn et entament des recherches de leur côté, je les rappelle 
(oh ! magie du téléphone portable ...), 
ils ont trouvé, me donnent les coordonnées et me proposent aussi de les rappeler 
si nous avons des problèmes de traduction ... ben, faut bien que ça serve les ambassades !

Nous arrivons dans le quartier des garages, un peu comme dans les souks, il y a le quartier réservé à la mécanique auto et poids lourd, là, sur plusieurs pâtés de ... garages, 
que des ... garages, par dizaines.

Les garagistes turcs ont une super réputation d'excellents mécaniciens, et c'est en toute confiance que nous livrons notre Bouli à 3 jeunes de 18 ans tout au plus, sous le regard et les ordres de Mustafa ... Mais là, Bouli reste dehors, point de pont, point de fosse pour lui, juste le goudron ... Avec 2 clés, 3 outils ... enfin j'exagère, la moitié du moteur est démonté, les boulons jetés dans un vieux bidon, le joint de culasse ôté ... et Oscar, le "commerçant" voisin vendeur de pièces détachées, qui a travaillé en Allemagne, nous explique que c'est un "Stücke" qui est cassé dans la soupape ... enfin, c'est ce que nous comprenons. J'appelle le jeune turc sur son portable, 
mais hélas l'étude de la littérature française ne lui a pas appris à dire : joint de culasse ! 
et ses connaissances mécaniques sont pratiquement nulles.

Il se fait tard, nous ne pouvons plus rouler pour cause de moteur démonté, l'heure du repas arrivant, et sans qu'on ne formule aucune demande Mustafa charge un de ses employés 
de nous emmener dîner en ville. En route, dans une superbe R12 ... avec giga haut-parleurs crachant de la bonne musique traditionnelle turque ... aïe, aïe, aïe, mes oreilles ... traversant 
toute la ville, nous espérons arriver dans un restaurant très typique , mais nous voilà déposés devant un supermarché flambant neuf, inauguré la semaine précédente, et possédant un superbe self-service proposant de la cuisine traditionnelle tout de même, des hamburgers, des pizzas, des steaks frites ... tout cela avec du personnel gantés de plastic ... pour l'hygiène : AHURISSANT et ANACHRONIQUE ! Nous entendant parler français des émigrés nous accostent : tiens ils habitent dans les Ardennes (mon pays !) ... on parle, on parle, on dîne ... mais il faut aller au rendez-vous fixé par l'homme à la R12. Retour au garage, les mécanos s'activent encore jusqu'à 22h, et dodo dans ce désert de véhicules surveillé par un gardien qu'on nous a présenté pour nous rassurer; mais nous ne sommes pas effrayés, nous sommes en confiance dans ce pays.
Le joint de culasse a été commandé à Ankara, il part de la capitale à midi en bus, pour arriver vers 17h ... heure à laquelle commenceront les vraies réparations, pendant ce temps les p'tits jeunes préparent ...
Ah oui, où est l'hospitalité turque, là-dedans ? Patience, ça arrive ...
Réveil matinal, petit déjeuner, puis on recommence avec la cérémonie du thé, sans cesse renouvelé si vous ne dites pas d'arrêter, et je m'en donne à coeur-joie, tant j'aime le thé turc, 
le çay (prononcez tchaïe).

C'est à mourir de rire avec Oscar, il est sans cesse en train de m'appeler pour m'explique 
à moi les diagnostics mécaniques, il parle en turc à mon mari et celui-ci ne comprend rien à rien, il m'explique à moi en turc, et j'arrive à comprendre je ne sais par quelle magie : ça "scie" 
mon mari, il n'en revient pas. Après, ce cher Oscar n'arrête plus avec des Sylvie par ci, 
Sylvie
par là : marrant !

Sur les coups de 10h, une voiture immatriculée en France arrive : un 39 ! On se précipite, 
espérant qu'il va pouvoir faire le traducteur, hélas aucun des 2 occupants ne parlent français; 
mais 15 mn plus tard, arrive Kamil. Ah ! Kamil, que nous découvrirons être plus tard, un père attentionné, un hôte remarquable et intelligent ainsi qu'un homme plein d'humour. Il a 50 ans, 
est ouvrier en France depuis 30 ans à Salins-les-Bains, a 4 grands enfants, fait le traducteur, 
et ne veut ABSOLUMENT pas que nous passions notre journée dans cet endroit à attendre 
la fin des réparations. Mais Kamil, nous sommes 4 et c'est beaucoup ! Il insiste et on sent bien, qu'on ne doit pas trop refuser (c'est comme ça ici, on se laisse ... entraîner, 
tant les propositions sont sincères).

Kamil nous explique que le joint de culasse n'a rien, mais qu'il y a une fissure dans la culasse moteur et qu'il faut faire faire une soudure du logement d'une soupape et bien sûr changer 
le joint de culasse démonté.

Allez, on part avec lui, chez lui, dans la maison qu'il a acheté voilà 20 ans à Nevsehir; 
on se déchausse à l'entrée comme d'habitude, on salue la famille et Sultan (prononcez Sultane, 
car c'est une fille), l'aînée nous accueille, elle a 25 ans, parle admirablement le français, est divorcée, travaille, a un petit garçon qui s'appelle comme son grand-père, a une ouverture 
d'esprit d'occidentale, mais garde ses coutumes turques dans certaines circonstances. 
Elle sera d'une compagnie exquise, instructive et attentionnée; elle parle de tout, aborde 
tous les sujets, on dirait que rien n'est tabou pour elle.
Pour l'heure nous prenons le çay, puis la maman se met au fourneau ... 
aidée par sa plus jeune fille de 17 ans et sa bru. Kamil sera humoristique, caustique, 
attentif envers ses invités et sa famille.
Au moment du repas, on pose un gros coussin au milieu de la pièce, on étale une grande nappe dessus, on pose un immense plateau, on met ses jambes sous la nappe. Kamil nous explique qu'ils mangent par terre, uniquement en Turquie, pour respecter la tradition, mais qu'il préfère la table et les chaises en France, parce que ça fait moins mal au dos ... il est adorable et à mourir de rire parfois !
Au menu : köfte à la viande et au boulgour, soupe à l'ayran (sorte de yaourt) et au riz, poivrons farcis au riz, pastèques, café, çay accompagné du délicieux ekmek (pain long).
L'après-midi, notre fils et notre neveu sont emmenés en ville par le fils de 19 ans qui vient 
de se marier avec une jeune turque (histoire intéressante à raconter plus tard ...), nous, nous allons nous balader dans un parc fraîchement sorti de terre, et on nous offre des glaces ... je veux rendre la pareille, mais Sultan me dit que les invités : NE PAIE RIEN ! 
Connaissant nos us et coutumes, elle se laisse finalement faire, 
et on en reprend une seconde fois.
Le soir, le repas est presque identique, mais on y a ajouté des pâtes au yaourt 
avec une sauce tomate spéciale.
Commence alors, le "défilé" de la famille, des voisins, des connaissances, c'est comme ça, chacun "débarque" sans être invité, c'est la coutume. D'abord, le frère de Kamil travaillant en Allemagne, puis un autre parent travaillant en ... Hollande, puis un cousin turc, puis .... 
Sultan fait parfois la traduction, mais même sans cela, c'est agréable de les voir converser, 
de voir les femmes rirent à gorge déployée; beaucoup de femmes turques que nous avons rencontrées sont très "nature", très spontanées, très gaies, c'est surtout leur gaieté qui m'attire.
Après avoir échangé nos adresses ( j'ai déjà pensé au kilo de chocolat Léonidas que je vais 
leur faire parvenir en rentrant !), fait les remerciements d'usage et bien plus, leur avoir demandé de venir nous voir à Nancy; le cousin est chargé de nous remmener au garage 
où jusqu'à minuit les p'tits mécanos s'activent ...
Un gamin a été chargé de ranger les boulons jetés dans le bidon par taille : impressionnant, 
tous les boulons se trouvent là, rangés sagement en attendant que le mécano principal les réclament.
Le moteur est presque remonté, il est 22h, ils travaillent toujours, à la lueur d'une ampoule 
de 60W accrochée au capot ... mais ce sont des orfèvres, des magiciens, des sorciers 
ces mécanos turcs. Mustafa nous explique en turc toujours, que demain on fera des essais 
sur la route, qu'ils feront les derniers réglages, la vidange et que nous pourrons partir.
A minuit, tout est fini, le capot est fermé et on file au lit.
Mustafa part avec nous faire les essais, il écoute le moteur, guette le moindre indice, et enfin 
a l'air satisfait. Nous rentrons au garage pour la vidange et ... la facture; Philou me dit qu'en France un changement de culasse coûte minimum 6.000F, mais que pour toutes les réparations faites on s'en serait tiré pour 12-15.000F. Mustafa avait déjà donné son prix la veille, avant de commencer les réparations, pour savoir si nous serions d'accord ... 
173 millions de lires turques, soit : 1.940F.

On arrondit à 2.000F et on laisse 50F de pourboire à chaque petit mécano, trop contents 
que le Bouli soit réparé et que nous puissions partir à temps pour prendre le ferry dans 3 jours 
en Grèce ! Je fais comprendre à Mustafa, comme Kamil lui a déjà dit, que si sa réparation 
ne tient pas, je repasserai l'année prochaine lui tirer les oreilles et me faire rembourser : 
il rigole, ça peut tenir 3.000, 5.000, 10.000, on ne sait pas ... pourvu que ça tienne au moins 
pour les 3.200km qui nous restent à faire jusqu'à la maison sur les 11.050km parcourus au total.

Nous sommes rentrés à bon port, et ces ennuis nous ont fait rencontrer des gens merveilleux 
de simplicité et d'hospitalité.

Bon, je sais Alain que ce n'est pas une bafouille sur la Syrie-Jordanie, mais MOI, je suis AMOUREUSE de la Turquie, na ! Bon, pis tu prends ce qui t'intéresse, tu sabres, tu coupes, 
tu corriges ... tu m'engueules si ça ne te convient pas, enfin tu réagis quoi ! 
Et ne fait pas comme à chaque fois où tu me dis que c'est parfait, parce que là, j'ai été un peu, 
un peu ... longue, mais ça c'est passé comme ça et encore, j'ai pas tout, tout raconté ...
Grosses bises à vous deux pour la rentrée au bercail, bande de veinards de r'traités camping-caristes; et j'espère que ce petit récit va vous inciter à partir pour la 8ème fois 
dans ce somptueux et riche pays qu'est la Turquie (vous m'enverrez une carte postale, dites ?).  


Sylvie SURMELY
septembre 2000   ...................................................................................Iraniades.

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