Depuis plus de 500 ans, chaque
Vendredi Saint à Perpignan, la vie change de
sens...
Deux vocations se fondent dans la procession de la Sanch :
religieuse avec la célébration de la mort du
Christ,
et caritative avec la Confrérie de La Sanch.
Dans
les siècles passés elle accompagnait les
condamnés à mort au gibet, pour les protéger de la haine de la foule..
Les Confrères allaient ainsi dissimulés par la
caparuxa, afin de se confondre dans l'anonymat..
La caparuxa,
c'était jadis la tenue du condamné.
Quand sonne
15h au clocher de l'église, la cloche de fer du
pénitent rouge ébranle la procession..
A pas comptés, le long cortège descend les rues
étroites vers le cœur de Perpignan... Ils sont des
milliers de chrétiens,
de curieux, de touristes
silencieux, recueillis tout au long du parcours... une
étrange litanie couvre le murmure de la ville.
Gagné par la solennité du moment, le public est
uni dans la symbolique de la mort..
La procession de la Sanch finit toujours par agir, sur le
public le plus imperméable.
Et si les pénitents de cette fin de millénaire
n'accompagnent plus de condamnés, ils
perpétuent une tradition et son
mystère.
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C'est aussi toute la Cerdagne
qui vibre aux mêmes accents, à Collioure,
à Ille sur Têt, à Banyuls...
Au fond
de la vallée, à Arles sur Tech la nuit est tombée, on attend
dans un silence profond l'esqueletta ,
la petite cloche de
fer, qui dirige la procession aux reflets des torches.
Derrière le voile des pénitents, c'est toute la
tradition qui avance à petits pas...
Le samedi, les villes et villages résonnent du "goig
dels ous", chants mi-religieux, mi-profanes, qui
évoquent la joie retrouvée.
Les groupes font l'aubade sous les fenêtres, en
échange des oeufs et ingrédients
nécessaires à l'omelette pascale.
Mais si le monde était resté sur le deuil du
Vendredi Saint le soleil ne se serait plus levé, les
bourgeons n'auraient pas éclos, les fruits n'auraient
pas mûris... et à Ceret, le dimanche, la
procession du Ressuscité est toute de joie...
On accroche un rameau de cerisier dans la main du Christ...
un symbole... les premières cerises de France,
rougissent ici au pied du Canigou... et bien souvent au jour
de Pâques...
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