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en pays d'Aragon..2
Le chaos del Onso était annoncé, tels des gamins nous commençons
par traverser ces blocs, puis en évitons les principaux par une nouvelle
sente, rive droite.
Même topo, ça monte et il faut mettre les mains avec parfois un peu de «
gaz ».
La sortie est tout simplement belle et nous traversons à pied une vasque
peu profonde.
Chacun peut ainsi apprécier la pureté et la fraîcheur de ces eaux vertes.
Nous poursuivons
notre sauvage remontée sautant de cailloux en rochers, passant d’une rive
à l’autre.
Et voici « le baiser » (el Beso) verrou où les deux rives se rapprochent
tellement qu’elles
en ressemblent à d’étonnantes lèvres humides. Le passage est rive gauche
cette fois,
mais la sente, incertaine se perd dans les buis et les à-pic sont
impressionnants.
Heureusement, les arbustes font rambardes.
Enfin, les trois cairns indiquant la remontée. Le sentier devient bon,
voir excellent, mais il y fait chaud. Repas sur un promontoire pour
profiter de cette vue d’exception de sculptures de pierres soulignées par
les feuillages orangés des chênes ou jaunâtres des bouleaux.
Mais les épineux envahissent le passage et je déplore souvent le choix
d’un short.
Otin, son église, ses maisons, son bar apparaissent comme un retour à la
civilisation.
Nos premières rencontres, françaises bien sûr, vive la RTT !
Mais le village est en ruines et le Manolo Bar fermé. Au retour nous
retrouvons François profitant des couleurs pour mitonner ses photos, il
nous envoie même sur un lointain promontoire. Grimpeurs, vautours,
randonneurs français…nous accompagnent vers Rodellar.
Au village le bar est ouvert et les garçons s’offrent de super glaces à la
vanille !
Car, au Pays d’Agadaragon, il avait deux garçons qui aimaient les glaces
vanille.
Et nous aussi, par la même occasion.
Pour la nuit, nous nous éloignons de quelques km, avides de retrouver le
calme.
Une piste dans la garrigue, vers corral alto et débute le repos tant
mérité.
Quelle orgie de sommeil de 20h30 à 7 h du mat. Nous ne nous pressons pas
d’autant que
le temps se gâte un tantinet et que la pluie apparaît. Après une matinée
cool de bricoles
et de jeux (le Magic), nous visitons parfois avec un parapluie, divers
villages et Rio :
Bierge et son église, Rio Peonera et sa piscine naturelle
(malheureusement le parking
est fermé)…Et nous nous approvisionnons localement en huile d’olive,
fromage de brebis,
pain et amandes…
En route pour Vadiello, autre lieu mythique de la Sierra. La route
serpente, suspendue au flanc de la montagne, pour se terminer sur un petit
parking face à un barrage. Nous bivouaquons après un dernier tunnel sur
une plate-forme dominant un lac découpé au pied de Mollos (falaises)
impressionnantes, colonisées par les rapaces (reconnaissance préalable
indispensable). Une virée de fin d’après-midi en direction de Nocito
pour passer
sur la rambarde d’un pont écroulé et découvrir ce secteur particulièrement
aride.
Au matin, avec le retour du soleil, nous partons pour l’ermitage de San
Cosme. Nous traversons sur le barrage et suivons une piste à la vue
superbe jusqu’au calvaire de pierre caché.
Au bout d’une heure, c’est l’arrivée à l’ermitage troglodyte, en pleine
restauration.
Nous en profitons pour nous restaurer également. Puis, la piste nous mène
à divers chapelles, calvaires ou sources (fuen santa) et nous empruntons
un sentier vers un rocher reconnaissable : el Huevo (l’œuf). Pique-nique
sur une terrasse dominante, et le retour est agrémenté de cueillette
(cèpes et girolles pour l’omelette !).
Nous quittons Vadiello pour tester le départ de l’ermitage de San Martin.
Devant le parking délicat et les jambes lourdes, nous faisons demi-tour et
visons le col
et l’ermitage de San Miguel. Après Sabayès, les panneaux
n’incitent pas à poursuivre,
mais nous prenons le risque et prenons une piste étroite, aérienne et…
interdite que je déconseille aux camping-cars.
Mais quelle féerie, ce parking désert, aérien, dominant la Sierra sous la
proche protection
d’un éperon rocheux et de son ermitage.
Là encore les seuls compagnons survolent majestueusement nos têtes.
Un peu inquiet en ce jour de la Toussaint, nous montons tôt sur le pic.
Quelques échelles en fer (clavijas) permettent d’atteindre facilement le
sommet. J’assure, cependant, les garçons
à la descente. Entre les pics pyrénéens, le relief tourmenté de la Sierra
et la plaine
vers Huesca…la vue étonne de sa magie. Nous abandonnons vers 10 h
ce paradis venté, guettant, avec anxiété, la moindre montée de voiture,
car tout croisement est impossible.
Ouf ! Tout se passe bien et nous stoppons sur une plate-forme déserte un
peu avant Sabayès.
A peine le temps de s’installer qu’apparaît le 4X4 de la Guardia civile. A
cet instant, je me préfère là que sur le paradis venté. Ils
m’interpellent, mais sourient vite de mon incompréhension, doublée de ma
bonne volonté, je leur décrit notre visite de la Sierra, dans mon petit
nègre espagnol. Et à la fin, ils me souhaitent une bonne fin de vacances
sous le soleil.
Farniente, jeux, achat d’un excellent miel dans une bâtisse proche,
lecture et rigolade ponctuent cette journée ensoleillée. Le lendemain,
déjà samedi, le chemin du retour emprunte la vallée perdue du Rio Guarga
avec des vues étonnantes sur l’envers du cirque de Gavarnie où,
entre le Taillon et le Casque, se distingue la Brèche de Rolland.
Après la traversée du tunnel de Bielsa, les nuages remplacent le ciel
bleu.
Presque un temps de Toussaint !
Mais, le pays d’Agadaragon, avec ses glaces vanille,
a pleinement rempli nos mémoires et nos cœurs d’un soleil bienfaiteur.
Philippe
Thévenet .
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