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La Saulx en Meuse.
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30 mars
Souvent partis à des milliers de kilomètres pour voir des merveilles ;
nous en négligeons parfois les petits bijoux de nos régions. Certes la
Lorraine n’a pas la beauté de la Bretagne, les châteaux du Val de Loire,
ni le soleil de la Provence ;mais elle peut nous surprendre par un
patrimoine méconnu par ses habitants même.
Philou au détour d’une journée de travail, avait découvert Bar-le-Duc
; mais que pouvait bien nous offrir cette ville, si ce ne sont ses
confitures de groseilles épépinées à la plume d’oie depuis 1344, ainsi
que ses célèbres madeleines, pas franchement de quoi déplacer les
foules.
Après un rapide passage à l’office de tourisme, Bouli grimpe vers la
Ville Haute
flanquée jadis d’un château, demeure des ducs de Bar.
Nous stationnons au cœur de la cité, juste sur le parvis de l’église
Saint-Etienne
où un office a lieu. Cet endroit est un petit village surplombant la
ville grouillante ;
calme et beauté sont les maîtres mots des lieux.
La place triangulaire Saint-Pierre offre un bel exemple de façades de
différentes époques
allant de la Renaissance au XVIIème siècle, dont le must est l'Hôtel de
Florainville,
actuel Tribunal d'Instance et qui arbore un superbe perron dont les
grilles sont signées
Jean Lamour (célèbre pour les grilles de la place Stanislas à Nancy).
Nous arpentons les rues et ruelles découvrant de nombreuses maisons
classées,
ornées de gargouilles étêtées sur ordre du maire vers 1900, cédant ainsi
aux réclamations
de ses administrés, trempés par les eaux de pluie dégoulinant des
montres de pierre.
Certains demeures offrent aux curieux qui poussent leurs lourdes portes,
de belles cours intérieures agrémentées d'escaliers monumentaux et de
petites tours ventrues.
Les demeures nous mènent place de la Halle, puis place Fontaine et enfin
place de l'Horloge
où se dresse la tour médiévale éponyme qui a su conserver son beau
cadran doré.
Cherchant à rejoindre la tour, nous découvrons des ribambelles
d'escaliers dégringolant
les coteaux qui étaient jadis couverts de vignes et de maisons de
vignerons faisant ainsi
de la colline un véritable gruyère truffé de galeries. Le vignoble fut
malheureusement ravagé
au début du XXème siècle, il ne reste désormais en Meuse que quelques
vignerons dont
notre ami Philippe Antoine à Saint-Maurice-sous-les-Côtes vers le lac de
Madine, plus au nord.
Nous ne sommes pas au bout de nos surprises, sur l’éperon nord le
château ducal Renaissance accueille le musée Barrois, charmante demeure
précédée par l’Espace Saint-Louis ancienne chapelle ayant conservée de
belles stalles et transformée en lieu d’exposition.
Face au château, une belle esplanade surplombe toute la Ville Basse,
à notre gauche le collège Gilles-de-Trèves cachant une magnifique cour
Renaissance.
La promenade des Remparts suit l’ancien chemin de ronde et donne de
belles échappées
sur la vallée de l’Ornain, la majestueuse préfecture, les toits
d’ardoise de l’église Saint-Antoine
et les nombreuses chapelles et églises de la ville. Les « 80 degrés »
dévalent de la Ville Haute vers la Ville Basse, complétant les nombreux
escaliers qui grimpent durement.
Retour sur le parvis de l’église Saint-Etienne où nous pouvons désormais
pénétrer ;
celle-ci recèle deux trésors de Ligier Richier :
- le Transi ou « Squelette » représentant René de Chalon prince d’Orange
trois ans
après sa mort ... d’où le côté « écorché vif » de l’œuvre très spéciale
et assez déconcertante
- le Calvaire du Christ et de deux larrons, œuvre très très réaliste.
Deux passionnés de Bar et bénévoles de surcroît nous font découvrir leur
ville,
juste à notre droite un ancien couvent a été transformé en prison et
l’est toujours ;
ils nous racontent aussi les petites histoires qui font aussi
l’Histoire.
Notre promenade-découverte s’achève, mais nous redescendons vers
l’Ornain pour découvrir
le plus vieux pont de Bar qui fut le seul édifice bombardé en 1944 ;
d’ailleurs la ville n’a pas souffert du tout, des deux guerres malgré
les courtes distances qui la séparent de Verdun
ou Saint-Mihiel, seulement 56km mais suffisants pour l’épargner : elle
n’était pas sur la ligne
de front et c’est cela qui a permis de préserver l’homogénéité de la
cité.
L’Ornain traverse de part en part la ville, ainsi que quelques canaux,
de nombreux parcs apportent des notes de verdure ce qui confère à
l’ensemble un charme indéniable
et une grande impression de calme et de sérénité.
Le pont Notre-Dame fut reconstruit après la seconde guerre mondiale pour
abriter à nouveau
la statue de la Vierge, rescapée des bombes ; de loin il a un petit air
du pont Valentré à Cahors.
Clic-clac une petite photo et nous voilà partis à la recherche d’un
petit coin de campagne
pour la nuit.
Nous entamons un petit circuit dans le Pays de Saulx, belle
rivière vert émeraude grossie
par l’Ornain et qui se jette dans la Marne.
Dépassant Combles-en-Barrois et Trémont-sur-Saulx
traversée par de nombreux rus
sur lesquels sont jetés de petits ponts rejoignant chaque habitation,
nous contournons
le château de Jean d’Heurs, ancienne abbaye de Prémontrés transformée
par le maréchal d’Empire Oudinot, rejoignons les rives du cours d’eau à
Lisle-en-Rigaux où subsiste
un corps de grosse ferme carrée fortifiée baignée par les eaux de la
Saulx.
La recherche d’eau pour remplir le réservoir nous amène au cimetière
installé sur un promontoire où une charmante chapelle romane adoucit les
lieux.
L’endroit est idéal pour passer la soirée et la nuit. Le soleil se
couche et rosit le ciel
en une palette somptueuse nous offrant ainsi le spectacle du soir.
31 mars
L’heure d’été nous vole une heure de sommeil, mais nous préférons le
rythme estival
à celui de l’hiver.
La nature s’éveille, nous aussi ; le petit déjeuner dégusté, nous nous
dirigeons par un chemin vicinal vers le village-rue voisin de
Ville-sur-Saulx ; à l’entrée du village l’imposant logis carré dont
on visite le parc, est encore fermé en ce week-end de mars : dommage !
Le doyen Gilles de Trèves en avait fait sa « demeure aux champs » en
1536,
construite en pierre blonde de la vallée de la Saulx, cet édifice aux
tons chauds
séduit par ses proportions et ses immenses toits pentus de tuiles.
Le paysage est bucolique et nous atteignons Haironville
petite merveille dotée de multiples atours.
Le château de Varenne est un superbe logis XVIème avec deux
échauguettes,
planté au milieu d’un parc en terrasses et parterres
fleuris ;
non loin, une pompe à eau en parfait état de marche.
Mais le must est sans doute le vieux pont à douze arches datant de 1618,
surmonté d’une croix de dévotion, et qui enjambe trois bras de la Saulx.
Un magnifique parking près de la salle des fêtes et d’un rare lavoir à
long bassin oblong,
éclairé par d'élégantes arches, fera un bon BTS pour le jour ou la nuit
; endroit idyllique
avec un robinet à droite au milieu du parking.
Le repas de midi est pris au soleil, en plein verdure au bord de l’eau
avec vue sur le pont,
les maisons anciennes et l’église : sublime !
Nous remontons toujours le cours d’eau vers Rupt-aux-Nonains qui
possède lui aussi,
son pont à huit arches daté de 1557 et son lavoir, hélas comblé.
Les colverts batifolent dans l’eau fraîche.
L’église à la tour carrée, ancienne chapelle du prieuré des bénédictins,
est comme toutes les églises que nous avons voulu visiter, fermée !
Nous quittons la vallée de la Saulx pour entrer dans le Perthois Nord ;
changement de décor,
à Cousancelles nous admirons une maison forte XVIIème, une belle
église et son porche.
A quelques encablures de là, nous découvrons le gros bourg de
Cousances-les-Forges
qui n’est autre que le pays des cocottes en fonte et des plaques de
cheminées.
Nous traversons Savonnières-en-Perthois qui a reconverti ses
carrières souterraines
en champignonnières.
Mais le Perthois n’a pas le cachet, ni le bucolique du Pays de Saulx, et
nous filons vers Bazincourt-sur-Saulx qui revendique lui aussi
son pont ayant gardé ses bornes
qui évitaient
aux charrettes d’endommager les murs avec leurs roues.
Autour de l’église quelques édifices : une belle maison forte avec
échauguettes
et tour voisine en haut du village,
une galerie « Maison
d’Art » est ouverte de temps à autre,
et présente des peintres locaux.
Pour l’étape nocturne, retour à Haironville et son cadre
enchanteur où je peux enfin observer, traversant les ondes et remontant
le courant, un ragondin que Philou avait aperçu ce midi.
Petite ballade vers le château de la Forge près des bâtiments d’Usinor.
Soirée barbecue comme sait si bien le faire Philou.
la suite
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