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Migration..!
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Vendredi, boulot et école
terminés, en route vers de nouveaux horizons.
Détour traditionnel par Les-Echets pour un
plein d'eau nécessaire à la concession Masters.
Notre destination, le défilé de l'Ecluse, limite des départements de
l'Ain, du Jura,
de la Haute Savoie et de la Suisse.
Notre but, Fort l'Ecluse, bâtiment militaire désaffecté construit à
flanc de montagne
au-dessus des méandres du Rhône.
Une bonne dizaine de kilomètres après Bellegarde-sur Valserine, sur la
RN206,
juste à l'entrée du village de Longeray, la petite route du fort débouche
sur la gauche
à angle droit avec la nationale : enserrée entre deux murs, elle est
barrée à un kilomètre
par une barrière n'autorisant l'accès qu'aux piétons.
Un petit terre plein herbeux nous accueille pour la nuit.
Douce pluie de fin d'été : la promenade du soir, sur les deux kilomètres
qui montent en pente douce jusqu'au fort, nous permet de redécouvrir
une dizaine de superbes Salamandres tachetées (aussi appelées
Salamandres terrestres ou communes :
Salamandra salamandra LINNAEUS
met tout le monde d'accord).
Les individus rencontrés mesurent de 15 à 20 centimètres, de
coloration variable jaune et noire : essentiellement nocturnes, on ne
les observe surtout par temps de pluie quand elles quittent le sous-bois
pour s'aventurer en terrain découvert. Elles ne s'éloignent que de
quelques mètres
de leur gîte, souche, abri végétal. Une d'entre elles, quelque peu
incommodée par l'appareil photo retourne dans un trou du talus humide.
En peu de mot : batracien, urodèle (à queue apparente), ovovivipare,
les larves vivent dans l'eau, maturité sexuelle vers 4 ans, couleurs
vives signifiant danger pour les prédateurs, ses proies sont limaces,
escargots, vers, milles-pattes, araignées. Ses déplacements sont lents
et sa démarche ondulante.
Un magnifique animal qui dès novembre entrera en hibernation.
Elle apparaît sur le blason de François 1er avec la devise nustrico et
extinguo
(je m'en nourris et je l'éteins) ... au sujet du feu ! :
Pline l'ancien, était persuadé qu'elle éteignait les brasiers, bêtises
longtemps colportées.
Une nuit calme, quelques grondements de moteurs sur la RN ou la voie
ferrée en contre-bas, quelques avions au départ de Genève en
contre-haut. Et un matin ensoleillé : il y a mieux ?
Samedi, départ pour le fort : nous passons sous les
"demoiselles" qui ont abrité l'aigle royal
et vu l'aiglon prendre son envol en juillet. Nous apercevrons un adulte,
au plumage foncé,
puis deux juvéniles dont les taches blanches sur les ailes ainsi que la
queue blanche barrée
de noir nous donnent l'âge : 3 ou 4 ans, et le jeune de l'année.
Les trajets migratoires des oiseaux ne sont pas tous connus, mais
certains sont surveillés
et les oiseaux comptés depuis des dizaines d'années. Celui de Fort l'
Ecluse est le domaine
de quelques suisses passionnés, qui mettent leurs observations à
disposition des intéressés
sur Internet (egroups : obsRhôneAlpes)
depuis peu.
En cette fin de migration, ce sont surtout les rapaces qui nous font
l'honneur de leur passage. Milans noirs (le rapace peut-être le plus
abondant au monde), magnifiques milans royaux, Bondrées apivores,
majestueux Balbuzards pêcheurs, buses variables, éperviers :
tous ces oiseaux parfois se regroupent dans les courants d'air chaud
ascendants
pour prendre de l'altitude et glisser en de longues trajectoires
rectilignes.
Quelques derniers Martinets à ventre blanc, hirondelles rustiques
tournoient
sous les quelques nuages qui nous servent de points de repères.
Les autodidactes que nous sommes sont fiers de partager ces instants d'émotions
avec de rares promeneurs, intrigués par nos divers instruments
optiques.
Au retour nous observons les chamois, comme suspendus sur les falaises :
un adulte au pelage d'hiver très foncé, 3 femelles en compagnie d'un
cabri de l'année.
Le soir venu, le marais de l' Etournel, réserve naturelle proche
nous offre la surprise du Renard, Sanglier.
Un beau mâle de cerf en compagnie de 3 biches : la période du brame va
bientôt commencer.
Deuxième nuit sous le martèlement de la pluie sur le polyester :
petite musique de nuit
un peu cacophonique qui nous isole dans notre douillet cocon à
roulettes.
Dimanche : ciel couvert et le vent du Nord s'est levé.
Nous rejoignons nos amis suisses dans la vallée où la vue plus
panoramique permet
à ces acharnés de noter leurs observations de juillet à décembre.
Une casquette "retraité et heureux", un autocollant avec un
beau martin-pêcheur
du centre de sauvegarde de Janteau en Suisse, une rangée de lunettes
terrestres emmitouflées dans leurs étuis, le réconfort d'un café
chaud dans un camping-car,
des blagues plus ou moins vaseuses sur des sujets divers et variés,
quelques sièges pliants, et toujours des yeux scrutant le ciel, les
oiseaux aperçus,
identifiés et notés dans un précieux carnet de terrain.
Pour nous, la cerise sur le gâteau, prend la forme d'une Cigogne noire
:
cette proche cousine de la blanche qui convoyait les frères et sœurs
de nos petits-enfants,
est plus farouche et fait son nid sur de grands arbres au fin fond des
forêts.
Convivialité et bonne humeur interrompues par la pluie de l'après-midi,
donnant pour nous le signal du retour.
Le plus dur n'est pas de partir, mais de revenir !
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