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Depuis
longtemps déjà, allongé mais ne trouvant pas le sommeil,
et mes yeux qui ne veulent plus se fermer.
Cette incroyable mais presque palpable sensation indescriptible qui me tient
en éveil.
Moi, petit français moyen venu ici par delà le cercle polaire, me confondre
avec la mère nature.
Je jouis à présent d’un profond sentiment de légèreté qui me soulève en
émoi.
Comme si chaque instant devenait éternité !
C’est comme un rêve mais le spectacle est bien réel,
il m’ébranle jusqu’à la moindre parcelle de moi-même.
Il n’est plus un organe, plus une cellule et plus une molécule de ma
constitution
qui ne s’en souvienne.
Alors que je n’avais connu qu’un ciel drapé chaque fois de son voile noir
impénétrable
au bout de chaque jour, me voilà sous un interminable crépuscule
ou alors une infinie aurore, qu’en dire ?
C’est le même air que je respire, c’est la
même terre que je foule,
cependant comme tout est différent.
Soudain, cette très ancienne peur connue de mon être semble avoir trouvé son
remède
et ne plus exister.
Cette angoisse qui s’est construite quand, tout petit, il me fallait
accepter de dormir dans le noir,
n’a plus de raison d’être et ne peut désormais plus jamais revenir me
submerger.
Même si sous ces mêmes cieux, le processus
s’inverse à la saison froide
et que tout est envahit par la nuit polaire,
je m’imagine mal pouvoir y vivre, petit européen des zones bien tempérées :
je t’aime, pays du nord, de terres longues et étroites,
de montagnes façonnées par les glaciers millénaires, peuplé de légendes et
de vraies histoires.
Tes chapelets d’îles au parfum de poisson séché au vent,
tes maisons en bois au toit couvert d’herbe,
tes cascades interminables et tes forêts épaisses m’ont laissé à tout jamais
une vraie conscience de la puissance qui est à l’origine de tout.
Rien n’est plus grande preuve de
l’existence d’une force divine que de voyager avec toi,
de me laisser surprendre par toi.
Je t’ai redécouverte, dame Nature, dans ce voyage extraordinaire tout près
de mon pays.
Je t’ai admiré dans cette partie de l’Europe que l’on nomme Scandinavie.
Je ne t’oublierais plus jamais même lorsque je n’aurais que béton pour
horizon.
Norvège, Danemark, Suède,
vous m’avez gravé ma dernière croyance pour mon esprit qui cherchait la
lumière.
Alain
Audierne |